L'Opération de l'ONU en Côte d'Ivoire (ONUCI) s'est déclarée jeudi «particulièrement préoccupée» par la «multiplication» récente des violences d'éléments des forces armées du président Alassane Ouattara dans le sud du pays, ayant fait deux morts et des dizaines de blessés.

L'ONUCI «est particulièrement préoccupée par la multiplication d'incidents violents et d'attaques conduits par des éléments des FRCI (Forces républicaines de Côte d'Ivoire) contre plusieurs villages», a déclaré Guillaume Ngefa, de la division des droits de l'homme de l'ONUCI, lors d'une conférence de presse à Abidjan.

Déplorant l'usage d'«armes lourdes» pour le maintien de l'ordre, il a exigé des «enquêtes immédiates et impartiales» sur ces incidents survenus ces derniers jours dans des localités des environs d'Abidjan, du sud-ouest et du centre-ouest du pays, régions réputées compter de nombreux partisans de l'ex-président Laurent Gbagbo.

L'ancien chef de l'État a été arrêté le 11 avril à l'issue d'une offensive des FRCI, soutenues par l'ONU et la France, après plus de quatre mois d'une crise née de son refus de céder le pouvoir après sa défaite au scrutin de novembre 2010.

À Becouesin (50 km au nord d'Abidjan), des éléments des FRCI «ont investi le village et ont fait usage de la force mortelle. Ils ont ensuite arrêté une vingtaine de jeunes (...). En cours de route, ils ont battu une autre personne qui est morte des suites de ses blessures», a expliqué M. Ngefa.

À Yakassé-Mé (50 km au nord de la capitale économique), «un vieillard s'est écroulé et est mort lorsqu'il tentait de fuir en brousse par crainte d'être arrêté par des éléments des FRCI qui avaient lancé une opération de ratissage», a-t-il poursuivi.

«Ces incidents ont fait au moins 45 blessés, dont trois par balle», a précisé le responsable onusien. Selon lui, «des renforts des FRCI lourdement armés (...) ont pris d'assaut le village en tirant et en tabassant les jeunes», poussant les habitants à fuir dans les forêts.

À Domolon (55 km au sud-est d'Abidjan), une incursion de FRCI «s'est soldée par une trentaine de blessés à coups de machettes et de crosses», «des pillages à grande échelle» et un exode massif de la population dans la brousse, a-t-il encore rapporté.

Le rétablissement de la sécurité est l'un des chantiers les plus urgents du gouvernement Ouattara.

À l'issue d'un conseil des ministres mercredi, il s'est engagé à faire entrer les FRCI «le plus rapidement possible» dans des casernes. Il doit parallèlement accélérer le retour sur le terrain des policiers et des gendarmes.