L'accroissement des affrontements militaires au Sud-Soudan marque le retour en force des mines antipersonnel au pays, annulant les efforts déployés par les démineurs qui tentaient de nettoyer la zone après deux décennies de guerre civile, a indiqué samedi un expert des mines antipersonnel de l'ONU.

En plus de causer des morts civiles et militaires, l'apparition de ces nouvelles mines empêche les groupes d'aide humanitaire de soutenir les populations de la région pétrolifère du Haut-Nil, où des milices rebelles mènent une lutte armée contre les troupes militaires du Sud-Soudan.

D'après une carte réalisée par le Service de la lutte antimines (SLAM) de l'ONU, 16 explosions de mines antipersonnel et antichar sont survenues entre la mi-novembre et la mi-mai dans les États de Jonglei, du Haut-Nil et dans les États de l'Unité.

La carte, datée du 20 mai, montre que six de ces déflagrations se sont produites dans les premières semaines du mois de mai. Depuis, au moins une autre explosion, qui a fait trois morts, a été répertoriée, selon un travailleur humanitaire anonyme bien au fait de l'incident en question.

Les morts sont à déplorer autant du côté des militaires que du côté des civils, selon la carte de l'ONU. La plus récente explosion a blessé un jeune homme de 17 ans, qui a marché sur une mine antipersonnel alors qu'il veillait sur son bétail, a rapporté l'ONU.

Le directeur adjoint du bureau soudanais du SLAM, Tim Horner, soutient que la multiplication de ces incidents démontre que les miliciens ont effectivement recommencé à poser des mines.

«Nous avons constaté une augmentation du nombre d'incidents et d'accidents reliés aux mines au cours des six derniers mois. Dans plusieurs secteurs, nous croyons que de nouvelles mines ont été posées, a-t-il indiqué. Nous ne pouvons le prouver puisque nous n'avons rien vu. Mais les preuves anecdotiques tendent à démontrer qu'il s'agit de nouvelles mines.»

Le phénomène est problématique pour les groupes d'aide humanitaire qui se trouvent au Sud-Soudan et qui ne peuvent désormais intervenir dans les secteurs affectés, où se déroulent les combats les plus violents.

Le groupe Médecins Sans Frontières (MSF), entre autres, affirme que ses programmes de lutte contre la malnutrition, qui avaient déjà été sérieusement compromis par les combats qui perdurent, sont maintenant menacés par l'utilisation accrue de mines.

«À la mi-mai, nous n'avons pas eu d'autre choix que de cesser les déplacements à l'extérieur de Bentiu (sud) après avoir reçu des informations selon lesquelles des mines antipersonnel ont été posées sur les routes que nous empruntons habituellement pour traiter les enfants souffrant de malnutrition», a affirmé un responsable de MSF, Gautam Chatterjee.