Onze personnes ont été tuées mardi et mercredi lors de violences visant des musulmans à Bangui, dont huit appartenaient à la communauté tchadienne, ont indiqué vendredi les ministres tchadien et centrafricain de la Défense dans un communiqué conjoint.

Un précédent bilan du parquet faisait état de 7 morts et 21 blessés pour la seule journée de mardi. Une source diplomatique avait évoqué une «quinzaine de morts et une cinquantaine de blessés» sur les deux jours.

«Suite aux troubles consécutifs à l'assassinat de deux garçons centrafricains survenus le (mardi) 31 mai 2011, les deux délégations ont déploré des cas de mort, des blessés et d'importants dégâts matériel dans les deux communautés dont 8 morts et plusieurs blessés du côté tchadien, 3 morts et plusieurs blessés du côté centrafricain», indique le communiqué signé du ministre centrafricain délégué à la Défense Jean-Francis Bozizé et du ministre tchadien de la Défense Bichara Issa Djadala.

Le ministre tchadien conduisait une délégation en Centrafrique -où la communauté tchadienne, notamment musulmane, est importante - qui a rencontré jeudi le président centrafricain François Bozizé.

«Selon des informations qui nous sont parvenues, certaines victimes musulmanes auraient été enterrées très vite et les services compétents font un travail à ce sujet pour un bilan précis», a précisé à l'AFP une source au ministère de la Défense centrafricain, précisant que ce bilan provisoire couvrait les «deux jours» de violence.

Un membre de la délégation tchadienne a déclaré à l'AFP qu'il y avait une «vingtaine» de blessés parmi la communauté tchadienne.

«La plupart de leurs maisons ont été pillées ou incendiées, d'autres pour des raisons de sécurité ont abandonné leurs maisons pour se réfugier à l'ambassade», a-t-il dit.

Pour apaiser les tensions, les ministres ont décidé «d'accélérer l'enquête» autour des deux enfants, de «libérer les personnes innocentes emprisonnées à la suite des troubles» et d'«indemniser les victimes (des violences) avérées par le gouvernement centrafricain», selon le communiqué.

Ils veulent aussi «promouvoir une sensibilisation en direction des deux communautés en vue de préserver leurs liens de fraternité séculaire».

Des violences visant les musulmans ont eu lieu dans le troisième arrondissement de Bangui mardi après la découverte du corps de deux garçons (4 et 5 ans) dans le coffre du véhicule d'un musulman. Les deux garçons avaient disparu dimanche.

Ces violences s'étaient étendues à d'autres quartiers mercredi et un couvre-feu a été instauré «jusqu'à nouvel ordre» dans trois arrondissements du nord-ouest de la capitale (3e, 5e et 6e) de 19H00 à 06H00 (locales, de 18H00 à 05H00 GMT).

Vendredi, la situation est revenue à la normale, a constaté un journaliste de l'AFP.