La police nigériane a mené un raid contre un bâtiment dans lequel des adolescentes auraient été forcées à mettre au monde des bébés destinés à la vente, a-t-on appris mercredi de source officielle.

«Nous avons fait une descente dans les locaux de la Cross Foundation, à Aba, il y a trois jours, à la suite d'informations concernant des femmes enceintes, âgées de 15 à 17 ans, contraintes de faire des bébés pour le compte du propriétaire», a indiqué à l'AFP Bala Hassan, responsable de la police de l'État d'Abia, dans le sud-est du Nigeria.

«Nous avons sauvé 32 filles enceintes et arrêté le propriétaire qui est soumis à un interrogatoire», a-t-il poursuivi, ajoutant que des témoins ont accusé le suspect de «vendre les bébés à des gens qui peuvent les utiliser dans le cadre de rites, ou à d'autres fins».

Certaines adolescentes ont indiqué à la police qu'on leur avait proposé l'achat de leur bébé à naître pour 25 000 ou 30 000 nairas (154 ou 182 $). Les enfants étaient revendus 300 000 à 1 million de nairas, selon l'agence nationale de lutte contre le trafic d'êtres humains (NAPTIP).

Les jeunes femmes devaient être transférées mercredi vers le bureau régional de cette agence à Enugu, également dans le sud-est, selon le directeur local de la NAPTIP, Ijeoma Okoronkwo.

Le propriétaire risque jusqu'à 14 ans de prison s'il est reconnu coupable.

M. Okoronkwo a indiqué que de nombreuses affaires similaires étaient actuellement traitées par les tribunaux du pays.

En 2008, des raids de la police avaient mis au jour un réseau présumé d'établissements, appelés communément «usines à bébés», ou «élevages de bébés».

Le trafic d'êtres humains est commun en Afrique de l'Ouest où des enfants sont achetés auprès de leurs familles pour aller travailler dans les champs, les mines, les usines ou en tant que domestiques.

D'autres sont vendus dans le cadre de réseaux de prostitution et, dans des cas plus rares, ils sont torturés ou sacrifiés lors de rituels de magie noire. NAPTIP relève aussi des cas d'adoptions illégales.

Le trafic d'êtres humains est le troisième crime le plus fréquent au Nigeria, après les fraudes économiques et le trafic de drogue, selon l'UNESCO.