Le Soudan a remis mardi au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon une lettre pour demander la fin de la mission des Nations unies dans le pays (Unmis) le 9 juillet, date prévue pour l'accession à l'indépendance du Sud Soudan, a indiqué un responsable onusien.

Le document, signé du ministre soudanais des Affaires étrangères, a été remis mardi matin à M. Ban, a indiqué au Conseil de sécurité le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies, Alain Le Roy.

«La lettre dit clairement que (les Soudanais) ne veulent pas que l'Unmis continue après le 9 juillet», a déclaré M. Le Roy devant les 15 membres du Conseil.

Cette demande ne porte que sur la partie nord du pays qui restera contrôlée par Khartoum. Le Sud-Soudan souhaite de son côté non seulement le maintien d'une force de l'ONU, mais aussi une augmentation du nombre de soldats.

Alain Le Roy a indiqué que le Conseil de sécurité devait maintenant se prononcer sur cette demande. Ses services recommandent que le Conseil de sécurité prolonge le mandat de l'Unmis de 3 mois à compter du 9 juillet.

Forte d'environ 10 000 Casques bleus et un millier de personnels civils, l'Unmis avait été déployée au Soudan en mars 2005 pour appuyer la mise en oeuvre de l'accord de paix (CPA) qui avait mis fin à deux décennies de guerre civile entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien et animiste.

Le 27 avril dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU avait prorogé son mandat jusqu'au 9 juillet, date de l'accession à l'indépendance du Sud Soudan qui avait voté en janvier à une majorité écrasante en faveur de la sécession.

Cette demande des autorités soudanaises intervient alors que le pays connaît un regain de tension entre le Nord et le Sud, après la prise le 21 mai dernier de la région disputée d'Abyei par l'armée nordiste.

Le quartier général de l'Unmis est situé à Khartoum, mais l'essentiel de ses personnels est déployé au Sud Soudan.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité mardi, l'ambassadeur du Soudan Daffa-Alla Elhag Ali Osman et le représentant du Sud Soudan se sont mutuellement rejeté la responsabilité des tensions à leur frontière commune.

Le Conseil de sécurité a par le passé déjà condamné l'incursion armée du Nord dans la région d'Abyei.

Mais mardi, l'ambassadeur du Soudan a accusé l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) d'organiser des attaques sur Abyei et d'enlever des soldats nordistes.

«Nous sommes allés à Abyei pour remettre de l'ordre et empêcher la SPLA de commettre des violations», s'est justifié M. Osman, selon lequel la présence militaire du Nord dans la région n'est que «temporaire».

À l'inverse, Ezekiel Lol Gathouth, le représentant du Sud Soudan à l'ONU et aux États-Unis, a qualifié l'intervention du Nord à Abyei de «très grave violation» de l'accord de paix de 2005.

«Les actions menées par Khartoum au cours de la semaine dernière représentent une escalade dangereuse qui pourrait pousser à une reprise du conflit armé entre les parties», a-t-il dit.

En outre, M. Gathouth a critiqué les forces de l'ONU pour ne pas être intervenues en défense des civils au moment où les troupes de Khartoum sont entrées dans Abyei. Selon des témoignages, les soldats de l'ONU «seraient restés dans leurs installations lors de l'attaque militaire», a indiqué le représentant du Sud Soudan.