Le président du Nigeria Goodluck Jonathan a été investi dimanche et a prêté serment à la suite d'une élection considérée comme  une des plus honnêtes depuis deux décennies, mais il doit faire face à une nation divisée après des violences postélectorales meurtrières.

Jonathan, 53 ans, un chrétien sudiste, a facilement battu son principal adversaire, un ex-dirigeant militaire du nord essentiellement musulman, Muhammudu Buhari, lors du scrutin du 16 avril, mais trois jours d'émeutes consécutives à cette élection ont fait plus de 800 morts.

Les émeutes et les massacres se sont étendus à travers le nord de ce pays le plus peuplé d'Afrique, avec des victimes assassinées à coups de machette, brûlées ou tuées par balle.

Des groupes d'émeutiers ont brûlé des églises et des mosquées, battu des gens après les avoir extraits de leurs voitures et attaqué des commerces.

La sécurité a été renforcée sur les lieux de la prestation de serment, le square Eagle, à Abjuja la capitale fédérale, avec des routes fermées à plusieurs kilomètres de ce lieu.

Un double attentat à la voiture piégée s'était produit près du square lors des cérémonies de célébration du cinquantenaire de l'indépendance en octobre dernier.

Un total de 10.000 membres des forces de sécurité, essentiellement des policiers, mais aussi des soldats et des agents des services secrets, soutenus par deux hélicoptères ont été déployés près des lieux de la prestation de serment.

Comme mesure de sécurité supplémentaire, tous les services de téléphonie mobile GSM ont été suspendus à Abuja, à la suite d'une directive gouvernementale, selon un message envoyé aux clients par un des fournisseurs.

Jonathan, le premier président originaire de la région pétrolifère du Delta du Niger, a été investi lors de cette cérémonie destinée à appeler à la fin de la violence, et à laquelle quelque 20 chefs d'État, essentiellement africains assistaient.

Parmi les présidents présents figuraient Alassane Ouattara, de Côte d'Ivoire, Jacob Zuma, d'Afrique du Sud, Robert Mugabe, du Zimbabwe et Yoweri Museveni, d'Ouganda.

Bien avant le scrutin présidentiel, Jonathan a dû faire face à l'hostilité du nord, plus pauvre et moins éduqué que le sud producteur de pétrole.

Sa nomination a mis fin à une règle interne au parti au pouvoir, le Parti Démocratique du Peuple (PDP), qui prévoit une rotation entre candidats du nord et du sud chaque deux mandats.

Le président est initialement parvenu au pouvoir en mai 2010 après la mort d'Umaru Yar'Adua, un président musulman du nord qui n'est pas parvenu au terme de son premier mandat.

Pour cette raison, de nombreux Nigérians ont affirmé qu'un nordiste devait être nommé par le parti au pouvoir, qui a remporté toutes les présidentielles depuis le retour à un pouvoir civil en 1999.

Buhari, un ex-dirigeant militaire, connu pour «sa guerre contre l'indiscipline» dans les années 1980, a bénéficié d'une réputation de combattant contre la corruption dans un pays extrêmement corrompu.

Il a aussi affirmé qu'il y avait eu des fraudes lors du scrutin présidentiel. Il a toutefois été critiqué pour ne pas avoir publiquement critiqué les émeutes postélectorales.

Pour ce qui est de M.Jonathan, le nord n'est pas le seul à lui causer des problèmes.

Le Delta du Niger, dont il est originaire, connaît une paix relative depuis une amnistie en 2009, mais on ignore combien de temps elle durera et le conflit entre chrétiens et musulmans se poursuit.

Une secte islamiste radicale a aussi provoqué des dizaines de morts dans le nord-est.