L'ancien président sud-africain Nelson Mandela, très fragile à 92 ans, poursuivait lundi sa convalescence dans le village de son enfance, Qunu, où il a été transféré par avion après quatre mois de soins à son domicile de Johannesburg.        



Le héros anti-apartheid, qui avait été hospitalisé pendant deux jours en janvier pour une infection respiratoire aiguë, n'était pas sorti de chez lui depuis cet épisode.

Dimanche, il a été transporté à bord d'un Boeing jusqu'à l'aéroport de Mthatha, la capitale provinciale du Cap Oriental, où une ambulance militaire l'a pris en charge jusqu'au village de sa prime jeunesse.

«L'ancien président passe un certain temps à se reposer chez lui à Qunu», dans les collines du Transkeï, à 875 kilomètres au sud de Johannesburg, a annoncé la présidence dans un communiqué.

«Nous sommes heureux qu'il soit à nouveau assez bien pour voyager», a ajouté le président Jacob Zuma.

«Il a été capable de voler de Johannesburg jusqu'à la maison, cela veut dire qu'il va très bien», a renchéri son petit-fils Mandla Mandela, 35 ans, qui l'a accueilli dans le fief familial.

Selon lui, le voyage a été décidé par le Nobel de la Paix en personne.

«Qunu, c'est son domaine, c'est là où il a grandi, où il a construit sa première maison à sa sortie de prison», en 1990 après 27 ans dans les geôles du régime d'apartheid, a rappelé Mandla Mandela. «Ce n'est pas étonnant qu'il ait voulu rentrer.»

Depuis son arrivée, il «reste à la maison et reçoit les membres de la famille», a ajouté le petit-fils, en précisant que son aïeul «resterait aussi longtemps qu'il le voudrait.»

Nelson Mandela a voyagé avec sa 3e épouse, Graca Machel, veuve de l'ancien président mozambicain Samora Machel. Leur déplacement a été encadré de moult précautions, selon la presse locale.

Quatre avions et un hélicoptère de secours médicalisé avaient été déployés à l'aéroport de Mthatha, où leur Boeing s'est posé à la mi-journée. Nelson Mandela, qui ne marche quasiment plus, a été transféré de cet avion à une ambulance militaire par un système de treuil.

Il a ensuite été conduit jusqu'à Qunu par un convoi d'une douzaine de véhicules, rapporte le quotidien The Times, précisant que des témoins l'ont vu bavarder avec des jeunes.

«Il garde un sens de l'humour exceptionnel et continue de raconter des histoires de son enfance», a assuré Mandla Mandela, qui a hérité du titre de chef du clan autrefois exercé par son grand-père.

L'hospitalisation du premier président noir d'Afrique du Sud et sa convalescence avait été suivie d'un quasi-silence de la part de sa Fondation (qui gère ses oeuvres caritatives et son image) et de sa famille.

La semaine dernière, elles avaient toutefois publié les premières photos de lui depuis janvier, prises alors qu'il votait à son domicile pour les élections municipales du 18 mai.

Le président Zuma, qui lui avait rendu visite à la veille du scrutin, avait déjà vanté sa meilleure santé. «Il a l'air mieux (...). Il est détendu, de bonne humeur», avait-il dit.

Nelson Mandela, président de 1994 à 1999, s'était retiré de la vie politique en 2004. De plus en plus fragile, il a progressivement raréfié ses apparitions publiques. La dernière remonte à la finale de la Coupe du monde de football, le 11 juillet 2011.

Malgré tout, son nom continue de peser sur la vie politique sud-africaine.      Son parti, le Congrès national africain (ANC), a multiplié les références au héros de la lutte anti-apartheid avant les élections municipales, allant jusqu'à appeler la population à voter pour lui afin d'aider l'ancien président à se rétablir.

L'ANC a remporté plus de 60% des suffrages, comme à chaque scrutin depuis la chute du régime raciste en 1994.