Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné dimanche l'opération militaire de l'armée nordiste à Abyei et appelé au «retrait immédiat» des troupes de Khartoum de cette région disputée, située à la lisière du Nord et du Sud du Soudan.

«Les membres du Conseil de sécurité appellent le gouvernement du Soudan à cesser son opération militaire et se retirer immédiatement de la ville d'Abyei et ses environs», selon un communiqué lu dimanche soir à Khartoum par l'ambassadeur de France auprès de l'ONU, Gérard Araud, lors d'une conférence de presse.

Samedi, après de violents combats, l'armée soudanaise (nordiste) a pris le contrôle de la ville d'Abyei, qui connaît une recrudescence des violences depuis le référendum en janvier sur le Sud-Soudan et l'écrasante majorité en faveur de la sécession de cette région qui doit devenir un État indépendant le 9 juillet.

Le Conseil de sécurité «condamne l'escalade des opérations militaires menées par les SAF (armée nordiste)», qui «constitue une sérieuse violation» de l'accord de paix de 2005 (CPA) ayant mis fin à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien.

Il a également «déploré la dissolution unilatérale de l'administration d'Abyei et son rétablissement sans délai par un accord mutuel» entre les deux parties.

Le Conseil de sécurité a enfin «demandé le retrait immédiat d'Abyei de tous les éléments militaires (...)», appelant les belligérants «à rétablir le calme immédiatement, à respecter le CPA et à s'engager de nouveau pour une solution politique négociée sur la région d'Abyei (...)».

Les ambassadeurs auprès du Conseil de sécurité de l'ONU s'exprimaient au deuxième jour d'une visite officielle à Khartoum, dans le cadre d'une tournée régionale en Afrique de l'Est consacrée notamment à la crise soudanaise.

Leur arrivée samedi dans la capitale soudanaise a coïncidé avec la prise d'Abyei par les forces nordistes, et l'évènement a été au centre des discussions.

Après la visite d'un camp de déplacés dans les faubourgs de la ville, les ambassadeurs ont rencontré en fin de matinée une délégation gouvernementale soudanaise.

Le ministre des Affaires étrangères Ali Karti, qui devait mener les discussions pour la partie soudanaise, n'est cependant pas venu, officiellement «pour raison de santé».

Une rencontre, prévue peu après avec le vice-président Ali Osman Taha a également été annulée au dernier moment, celui-ci ayant «d'autres engagements».

En fin d'après-midi, la délégation du Conseil a pu s'entretenir avec des chefs Misseriya, tribu arabe nomade et alliée locale du gouvernement de Khartoum dans la zone d'Abyei.

«C'est une malheureuse et regrettable opportunité manquée pour le gouvernement soudanais de partager avec le Conseil de sécurité ses perspectives sur ce qui est clairement une crise très inquiétante», a commenté à ce propos l'ambassadrice des États-Unis, Susan Rice.

Mais «quoiqu'il arrive, le 9 juillet, la république (semi-autonome) du Sud-Soudan deviendra indépendante», a souligné pour sa part son homologue russe, Vitaly Tchourkine.

Après Khartoum, les membres du Conseil de sécurité se rendront lundi à Juba, capitale du Sud-Soudan, pour y rencontrer notamment le chef du gouvernement semi-autonome Salva Kiir.