Les Sud-Africains ont voté mercredi pour leurs quatrièmes municipales depuis la fin de l'apartheid, un test pour le Congrès national africain (ANC), qui peine à surmonter des frustrations croissantes envers ses performances après 17 ans au pouvoir.

Les bureaux de vote ont officiellement fermé leurs portes à 19h (13h, heure de Montréal), mais les électeurs qui faisaient encore la queue à cette heure ont pu déposer leurs bulletins dans l'urne, selon la Commission électorale indépendante (IEC).

Les résultats n'arrivant que de façon très partielle, il était encore impossible de dégager une tendance vers minuit (18h, heure de Montréal). Les résultats définitifs doivent être publiés vendredi.

Pansy Tlakula, la patronne de l'IEC, a indiqué qu'elle pensait que la participation a dépassé les 40%. Elle avait atteint 48,4% lors des précédentes municipales en 2006.

À part quelques atermoiements dus à des retards dans la livraison des bulletins, des pannes des scanneurs des cartes d'identité des électeurs, des coupures d'électricités ou la présence de crocodiles empêchant les scrutateurs d'accéder à un bureau de vote isolé, le scrutin s'est bien passé, selon l'IEC.

Quelque 23,6 millions de Sud-Africains renouvelaient les élus de 8 métropoles, 226 communes ordinaires et 44 districts.

L'ANC, toujours auréolé de son image de libérateur, reste le grand favori du scrutin. Mais la grogne face aux défaillances des services publics pourrait pousser certains électeurs vers l'opposition ou l'abstention.

«Je suis très optimiste, parce que nous avons fait de grandes avancées», a toutefois déclaré le président sud-africain et chef de l'ANC Jacob Zuma, en votant à la mi-journée dans son village de Nkandla, dans le Zoulouland (est).

«Nous allons en surprendre beaucoup», a-t-il poursuivi tout en reconnaissant qu'il restait du travail pour améliorer les réseaux d'eau, d'électricité et de routes du pays.

Depuis l'avènement de la démocratie multiraciale en 1994, de nets progrès ont été enregistrés. Quelque 93% de foyers ont un point d'eau à proximité de chez eux, contre 62% il y a dix-sept ans, 84% sont raccordés à l'électricité contre 36%...

Mais les zones rurales et les anciens ghettos noirs ont été laissés sur la touche ou équipés avec des installations défaillantes, donnant l'impression aux plus pauvres d'être laissés-pour-compte.

Ces frustrations se sont traduites par une recrudescence des manifestations réclamant de meilleurs services publics.

Électoralement, cette grogne pourrait entamer la domination de l'ANC. Dans un sondage publié lundi, le parti récolte 58,3% des intentions de vote, 8 points de moins que son score des municipales de 2006.

La principale force d'opposition, l'Alliance démocratique (DA) qui contrôle la ville du Cap, table sur ce mécontentement pour poursuivre sa progression. Le parti a remporté près de 15% des voix en 2006, puis 17% aux législatives de 2009, et pourrait frôler les 20% cette fois-ci.

La DA compte prendre des mairies à l'ANC, surtout dans l'ouest et le sud du pays.

«Notre démocratie mûrit et les gens commencent à comprendre qu'il faut voter sur la capacité des partis à agir en leur faveur», a déclaré sa chef Helen Zille, avant de glisser son bulletin dans l'urne. «Aucun parti ne possède des électeurs pour l'éternité», a-t-elle ajouté.

Pendant la campagne, l'ANC a joué de son passé de libérateur, le président Zuma appelant même les électeurs à voter pour le parti en mémoire des héros défunts de la lutte anti-apartheid.

Mardi, il s'est également rendu au chevet du premier président noir du pays, Nelson Mandela, 92 ans, en convalescence depuis une hospitalisation en janvier pour une infection respiratoire aiguë.

Dans un pays qui porte encore les stigmates de décennies de ségrégation raciale, le message fait toujours mouche auprès d'une partie de la population noire.