La justice égyptienne a annoncé mardi avoir prolongé la détention préventive de l'ancien président Hosni Moubarak de 15 jours dans le cadre de l'enquête sur la répression des manifestations anti-régime en début d'année.

Le Procureur général Abdel Meguid Mahmoud «a ordonné la détention préventive de l'ex-président Hosni Moubarak pour 15 jours, qui commencera à la fin de sa période de détention actuelle» le 12 mai, selon un communiqué.

Le porte-parole du Parquet a précisé qu'une équipe d'enquêteurs s'était rendue mardi à l'hôpital de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, où se trouve M. Moubarak, pour poursuivre les interrogatoires.

Une source au bureau du Procureur a indiqué à l'AFP que ce dernier allait annoncer dans les prochains jours si M. Moubarak va être jugé ou pas.

Il pourrait être condamné à une peine pouvant aller jusqu'à la pendaison s'il était reconnu coupable, avait affirmé fin avril le ministre de la Justice, Abdel Aziz al-Guindi.

L'ex-président, 83 ans, chassé le 11 février par une révolte populaire ayant mis fin à trois décennies de pouvoir, avait été placé le 13 avril en détention pour des périodes de 15 jours renouvelables. Il est poursuivi ainsi que ses deux fils Gamal et Alaa pour la violente répression du mouvement de contestation et est soupçonné de corruption.

M. Moubarak est soigné depuis le 12 avril à l'hôpital international de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï, après avoir eu un malaise cardiaque pendant un interrogatoire.

Il est interrogé sur sa responsabilité dans la mort de manifestants lors de la révolte (25 janvier-11 février) et sur les contrats controversés de vente de gaz égyptien à Israël qui ont abouti à des pertes de plusieurs milliards de dollars pour le pays, selon le Parquet.

Selon un rapport, 846 civils sont morts dans les manifestations ayant poussé au départ M. Moubarak. Un membre de la commission d'enquête sur la répression a indiqué que l'ex-président était complice dans ces violences meurtrières.

L'ex-ministre de l'Intérieur Habib el-Adli est actuellement jugé pour avoir ordonné des tirs contre des manifestants, après avoir été condamné à douze ans de prison jeudi dernier pour malversations financières.

Plus de deux mois après la chute de M. Moubarak, la pression reste forte en Egypte pour que l'ancien président et sa famille proche soient traduits rapidement devant la justice.

La justice avait demandé au ministère de l'Intérieur son transfert à la prison de Tora, à la périphérie sud du Caire, où se trouvent déjà ses fils Alaa et Gamal, détenus également pour des périodes de 15 jours renouvelables, ainsi que d'anciens ministres et hauts responsables du régime.

Mais le ministère a jugé que l'hôpital de la prison n'était pas suffisamment équipé pour faire face à une éventuelle dégradation rapide de son état de santé.

Le 10 avril, M. Moubarak était sorti pour la première fois de son silence pour se dire victime de «diffamation». Dans une allocution sonore, il a dénoncé des «campagnes de diffamation» à son encontre et défendu sa «réputation» et son «intégrité». Il a assuré que ni lui ni son épouse Suzanne n'avaient de fortune à l'étranger et s'est dit prêt à coopérer avec la justice.