La justice ivoirienne va entamer mercredi l'audition du président déchu Laurent Gbagbo et de quelque 200 personnes proches de son régime, qui sont assignées à résidence à travers le pays, a-t-on appris samedi auprès du ministre de la Justice.

«Les auditions de Laurent Gbagbo, de Simone Gbagbo et de leurs proches vont débuter dès la semaine prochaine, à partir du 4 mai. Ils ont été notifiés du début de ces auditions, qui seront menées par la police et la gendarmerie», a indiqué à l'AFP Jeannot Kouadio Ahoussou.

M. Gbagbo son épouse Simone ont été arrêtés le 11 avril à la résidence présidentielle à Abidjan, après une offensive des forces du président élu Alassane Ouattara, appuyées par la force française Licorne et l'ONU.

Détenu d'abord au Golf hôtel d'Abidjan, quartier général de M. Ouattara, le couple a ensuite été séparé: M. Gbagbo a été transféré à Korhogo (nord) et son épouse à Odienné (nord-ouest).

Selon le ministre, «Laurent Gbagbo est en résidence surveillée conformément à une loi de 1963, c'est une mesure inspirée du droit français. Le président de la République peut assigner à résidence pour une période de six mois renouvelable toute personne susceptible de provoquer des troubles à l'ordre public».

«Pour des raisons de sécurité, les auditions se dérouleront sur les sites de résidence surveillée. La situation à Abidjan est encore fragile, on ne veut pas prendre de risque. Laurent Gbagbo a été capturé vivant et il doit demeurer vivant», a insisté M. Ahoussou.

«Près de 200 personnalités de l'ancien régime sont concernées par ces auditions. Elles figurent pour la plupart sur la liste des personnes sanctionnées par l'Union européenne», a précisé le ministre.

Le nouveau procureur de la République d'Abidjan, Simplice Kouadio Koffi, chargé de l'enquête préliminaire, «devrait entendre tout le monde d'ici le mois de juin», a-t-il ajouté.

Laurent Gbagbo est notamment accusé d'être responsable de crimes et exactions, de concussion et d'appels à la haine.

«Nous avons exclu ce qui relève de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI), comme les crimes contre l'humanité», a souligné M. Ahoussou, précisant qu'une délégation technique de la CPI est présente depuis six jours en Côte d'Ivoire.