Les Tchadiens votaient lundi au premier tour de la présidentielle dans laquelle le sortant Idriss Deby, qui brigue un quatrième mandat, est favori en raison de l'appel au boycottage de ses trois principaux opposants.

«Je voudrais demander à tous les Tchadiens et les Tchadiennes de sortir massivement remplir leur devoir civique aujourd'hui dans le calme et la sérénité», a déclaré dans le IIe arrondissement de N'Djamena où il a voté, le président Idriss Deby Itno, arrivé au pouvoir par un coup de force en 1990.

Faute d'incertitude sur l'issue, le taux de participation est le principal enjeu du scrutin.

Les opérations de vote qui devaient débuter à 6h00 locales (1h00 HNE) ont commencé avec retard dans la plupart des bureaux de vote de N'Djamena et du pays, selon différents témoins et médias contactés par l'AFP.

Les opérations de vote doivent durer 11 heures, les bureaux de vote ayant ouvert en retard, fermeront aussi avec du retard.

Alors que la mobilisation était timide à l'ouverture des bureaux, les habitants de N'Djamena ont commencé à former des files dans la matinée devant les urnes.

Le matériel du bureau de vote est composé notamment des listes électorales, d'une fiche de comptage, d'un isoloir, de calculatrices, d'encre indélébile, de stylos et de cahier ainsi que d'une lampe autonome pour s'éclairer lors du dépouillement en raison de gros problèmes d'électricité que connait le pays.

«Ça me fait plaisir de voter, c'est mon devoir, j'attends un bon résultat pour que le président de la République (Idriss Deby) soit réélu», a déclaré Abdelaziz Djikouana, 19 ans, élève, après avoir trempé son auriculaire dans l'encre indélébile d'un bureau de son quartier de Djambalpar dans le 3e arrondissement de la capitale.

«Tout ce que moi je veux, c'est un changement, la paix et la sécurité», a dit Salomon Laoutaye, 32 ans, au chômage, dans le 6e arrondissement, ajoutant «je ne suis pas d'accord avec le boycottage, on ne peut pas continuer à aller au boycottage, sinon il n'y aura pas de changement».

L'élection présidentielle doit marquer le point d'orgue d'un processus de démocratisation du régime entamé avec l'accord du 13 août 2007 signé entre la majorité des partis d'opposition et le pouvoir.

Mais l'accord signé un an après le boycottage de la présidentielle de 2006 débouche finalement sur un nouveau boycottage des principaux opposants, trois mois après les législatives du 13 février largement dominées par le Mouvement patriotique du salut (MPS) de M. Deby.

Candidats en 2001 et 1996, les trois principaux opposants, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar ont dénoncé une «mascarade électorale», affirmant que les deux scrutins ont été marqués par des fraudes et irrégularités, avant de suspendre leur participation à la présidentielle.

«C'est un renforcement du processus démocratique au Tchad qui se concrétise dans cette deuxième étape après les législatives», a jugé lundi le président tchadien, alors que des élections locales doivent encore se tenir en juin.

Il avait balayé précédemment les accusations des opposants et rétorqué qu'ils redoutaient d'être battus.

Outre le président Deby, le ministre Albert Pahimi Padacké et l'huissier (bien huissier) opposant Nadji Madou restent en lice.

Quelque 4,8 millions de Tchadiens sont appelés à voter dans le pays et 233 000 à l'étranger, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Depuis le réchauffement des relations avec le Soudan, le régime de Deby semble à l'abri des «rezzous» (raids) rebelles, d'autant qu'avec ses nouveaux pétrodollars, il a pu renforcer son armée.

Il bénéficie du soutien de la France, présente au Tchad presque sans discontinuité depuis 1960.