Le Parquet général égyptien a annoncé jeudi qu'il étudiait un transfert d'Hosni Moubarak dans une prison ou un hôpital carcéral, mais l'état de santé de l'ancien président est «instable», selon une source au sein de l'hôpital où il est placé en détention provisoire.

Le Procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, a chargé une équipe médicale de se rendre à l'hôpital de Charm el-Cheikh où se trouve actuellement M. Moubarak, «pour évaluer son état de santé et la possibilité de le transférer à la prison de Tora» ou à l'hôpital de cette prison du Caire.

M. Mahmoud a en outre demandé à cette équipe «d'évaluer l'équipement (dans l'hôpital de la prison de Tora NDLR) et de procéder aux préparatifs nécessaires (...) pour que l'ex-président Hosni Moubarak puisse passer sa période de détention dans cet hôpital».

Cette équipe, menée par le chef des médecins légistes, Sebaï Ahmad Sebaï, doit se rendre mardi au chevet de M. Moubarak, a indiqué le Dr Sebaï à l'agence officielle Mena.

Mais peu après cette annonce, une source médicale indiquait à la Mena que l'état de santé du président déchu était «instable».

Ses médecins «procèdent à de nombreux examens (...) médicaux pour connaître la cause de l'instabilité de son état de santé», a-t-elle ajouté.

Chassé du pouvoir par la rue le 11 février après trois décennies à la tête du pays, M. Moubarak, 82 ans, a été hospitalisé le 12 avril après un interrogatoire dans le cadre d'une enquête sur la répression des manifestations de janvier et février, qui a fait 846 morts selon un bilan officiel.

Actuellement à l'hôpital international de Charm el-Cheikh, la station balnéaire sur la mer Rouge où il était en résidence surveillée, M. Moubarak a été placé en détention provisoire le 13 avril pour 15 jours dans le cadre de l'enquête. Il fait aussi l'objet d'une enquête pour corruption.

La justice avait demandé au ministère de l'Intérieur le transfert de l'ancien président vers la prison de Tora, où se trouvent déjà ses fils Alaa et Gamal, incarcérés pour 15 jours dans le cadre de la même enquête, ainsi que d'anciens ministres et hauts responsables du régime.

Mais le ministère de l'Intérieur a jugé que l'hôpital de la prison n'était pas suffisamment équipé pour faire face à une dégradation rapide de l'état de santé de M. Moubarak.

Selon un membre d'une commission d'enquête sur les violences, M. Moubarak a été complice de la répression meurtrière contre les manifestants anti-régime.

Pour utiliser des balles réelles contre les manifestants, il était «nécessaire d'avoir au préalable l'autorisation de Moubarak. Les tirs ont duré plusieurs jours» et leurs auteurs n'ont pas été sanctionnés, a expliqué le juge Omar Marwane, secrétaire général de la commission d'enquête établie avant le départ du président déchu.

«Cela confirme son implication et sa responsabilité», a-t-il souligné.

De nombreux ex-ministres et hommes d'affaires sont sous le coup d'une interdiction de voyager, d'un gel de leurs comptes bancaires, voire d'un placement en détention provisoire depuis la chute du régime Moubarak.

Les épouses d'Alaa et Gamal Moubarak, Haidi Rassekh et Khadiga al-Gammal, toutes deux filles de richissimes hommes d'affaires, vont être interrogées mardi dans le cadre d'une enquête «sur leur enrichissement et l'origine de leur fortune», a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Un procès de M. Moubarak et des membres de sa famille fait partie des principales revendications des contestataires.

Un tribunal du Caire a décidé jeudi de supprimer les noms du président déchu et de son épouse Suzanne des avenues, bibliothèques et autres lieux et institutions du pays.