La Haute cour administrative égyptienne a dissous samedi le Parti national démocrate (PND), ancien parti au pouvoir, et ordonné la saisie de ses avoirs, répondant ainsi à une revendication majeure de la révolte qui avait conduit à la chute du président Hosni Moubarak.

«Cela n'a pas de sens que le régime tombe mais pas son instrument, le parti», a déclaré la cour dans sa décision, selon l'agence officielle égyptienne Mena.

La Haute cour administrative, dont les décisions ne sont pas susceptibles d'appel, «a ordonné la dissolution du PND et la saisie de son argent. Son siège et ses bâtiments seront transférés au gouvernement», avait auparavant expliqué une source judiciaire.

Fondé par l'ancien président Anouar el-Sadate et dirigé après l'assassinat de ce dernier par Hosni Moubarak, le PND a dominé la vie politique égyptienne pendant plus de trois décennies, au prix de nombreux trucages électoraux dénoncés en Égypte comme à l'étranger.

Il s'appuyait sur un large réseau de notables locaux et d'hommes d'affaires, qui pouvaient attendre en retour de leur fidélité des bénéfices pour leurs circonscriptions et pour eux-mêmes.

Le parti a tenté de survivre à la révolte populaire qui a renversé Hosni Moubarak le 11 février, mais nombre de ses anciens cadres font l'objet d'enquêtes pour corruption, M. Moubarak et ses fils Alaa et Gamal en tête, et plusieurs sont déjà derrière les barreaux.

D'autres ont fait défection, comme Hossam Badrawi, à qui M. Moubarak avait remis la présidence du parti début février et qui a démissionné au bout de quelques jours en expliquant que le raïs tardait à quitter le pouvoir.

Le nouveau président du parti, Talaat Sadate, ne s'est pas montré ému par la décision, déclarant à la télévision égyptienne qu'il allait créer un nouveau parti. Cette formation s'appellera le Nouveau Parti national démocrate, et malgré ce nom, n'aura rien à voir avec l'ancien, a-t-il assuré.

«Je préparais déjà un programme pour un nouveau parti, même si j'avais dit que j'aurais pu reconstruire le PND et nous présenter aux élections avec lui parce que ce n'est pas facile de se présenter à des élections avec un nouveau parti compte tenu des frais», a-t-il déclaré.

Selon Issandr el-Amrani, journaliste cairote qui a suivi de près la vie du PND, les fidèles du parti pourraient rejoindre ce nouveau PND ou un autre parti, ou commencer à graviter autour de quiconque semblera le plus à même de l'emporter lors de l'élection présidentielle prévue en novembre.

Pour l'instant, ce favori semble être Amr Moussa, actuel chef de la Ligue arabe. Il avait réclamé la dissolution du PND, mais son entourage a déclaré dans la presse locale que les «bons» membres du parti étaient les bienvenus.

Quant aux biens que le PND va perdre, une partie avait été héritée des anciens partis au pouvoir successifs à l'époque de M. Sadate, tandis que d'autres bâtiments étaient simplement loués à des propriétaires privés, dont certains ont récemment saisi la justice pour récupérer leurs biens.

Le siège du parti au Caire a été incendié pendant la révolte de janvier et février. Il suscite désormais la convoitise du gouverneur du Caire, qui voudrait en faire un parc, et du célèbre Musée égyptien situé juste en face.

La dissolution du PND et les poursuites contre ses anciens dirigeants figuraient parmi les principales revendications des manifestants qui ont obtenu le départ de M. Moubarak et continuent à se rassembler depuis pour maintenir la pression sur l'armée, désormais dépositaire du pouvoir.