Un soulèvement des gardes militaires à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a mené, vendredi, à la dissolution du gouvernement burkinabé.

Des soldats ont tiré en l'air, volé des voitures et pillé des magasins dans l'ouest et le centre de la ville alors qu'un soulèvement des gardes, qui réclament le versement d'une indemnité de logement, prenait de l'ampleur, selon des témoins.

La situation était toutefois calme près du palais présidentiel, où des tirs ont été entendus jeudi soir. Le président Blaise Comparoé ne se trouvait apparemment pas dans le complexe, a appris l'Associated Presse de source proche du dossier. Les troubles ont toutefois amené le président à annoncer en fin de journée la dissolution du gouvernement, et la nomination d'un nouveau chef de l'armée et d'un nouveau chef de la sécurité présidentielle.

La mutinerie, qui a débuté dans deux casernes de la garde présidentielle, s'est propagée vendredi au Camp Lamizana dans l'ouest de Ouagadougou, et au Camp Guillaume Ouedraogo dans la partie centrale de la capitale.

Des pillages avaient eu lieu dans la nuit à Ouagadougou. Des soldats ont aussi pillé et brûlé les maisons de collaborateurs de Blaise Compaoré.

Dans un communiqué, le gouvernement a annoncé que des soldats protestaient pour obtenir notamment une indemnité de logement. Il a ajouté que le problème était en train d'être «réglé», et il a exprimé ses regrets pour tous les inconvénients subis pendant les manifestations.

Le colonel Moussa Cissé, porte-parole de l'armée, a affirmé qu'il n'y avait pas eu de victimes jusqu'à présent.

Youssouf Ouedraogo, un infirmier du principal hôpital de Ouagadougou, a affirmé que plusieurs personnes avaient été blessées par balle et transportées à l'hôpital.

Jeudi soir, environ deux heures après le début de la fusillade vers 22h (18h, heure de Montréal), des tirs avaient également été entendus près de la station de radio d'État à Ouagadougou.

Ancien capitaine de l'armée, Blaise Comparoé est arrivé au pouvoir en 1987 lors d'un coup d'État sanglant et dirige depuis l'ex-colonie française. Il a été réélu en novembre dernier, mais cette présidentielle a été contestée par l'opposition.

Le Burkina Faso a été le théâtre de manifestations ces dernières semaines. Le 8 avril, la population était descendue dans les rues de Ouagadougou pour dénoncer la flambée des prix des aliments de première nécessité. En mars, des étudiants avaient incendié des bâtiments publics dans plusieurs villes pour protester contre la mort d'un jeune homme. Les autorités avaient affirmé qu'il avait succombé à une méningite, mais des rumeurs de mauvais traitements ont provoqué ces manifestations, qui se sont soldées par six autres décès.

Le Burkina Faso, l'un des pays les plus pauvres du monde, arrive en fin de classement des pays, selon l'Indice de développement humain (IDH) des Nations unies, à la 161e place sur 169.