Le dépouillement des votes était en cours dimanche au lendemain des élections législatives au Nigeria, marquées par une large participation malgré des attentats meurtriers ayant fait au moins 13 morts.

Les premières indications montrent un recul du Parti démocratique du peuple (PDP) au pouvoir. Les résultats commençaient à être annoncés circonscription par circonscription dans l'après-midi.

Malgré les attentats, officiels comme activistes ont estimé que ce scrutin, reporté à deux reprises, s'était déroulé dans de meilleures conditions qu'habituellement dans la nation la plus peuplée d'Afrique.

«De manière générale, la plupart des gens vous diront que l'élection d'hier s'est mieux déroulée que tous les précédents scrutins depuis 1999», année du retour aux régimes civils, a estimé Chidi Odinkalu de l'organisation de défense des droits de l'homme Open Society Justice Initiative.

Le porte-parole de la Commission électorale, Kayode Idowu, a estimé que «de manière générale, les élections se sont déroulées dans le calme».

«Il y a eu des poches de violence, mais cela n'a pas eu d'impact négatif sur le déroulement général de l'élection», a-t-il assuré.

Ces législatives seront suivies le 16 avril de la présidentielle puis, le 26, des élections des gouverneurs de la fédération de 150 millions d'habitants, et des assemblées régionales.

Une série de scrutins qui devrait permettre de tester la capacité de la puissance pétrolière à organiser des élections libres et transparentes alors que les votes dans le passé ont été marqués par des fraudes et des violences.

Notant que les attentats des derniers jours étaient «graves», le chef de la mission d'observation de l'Union européenne Alojz Peterle a estimé qu'il s'agissait d'incidents «relativement isolés».

«Nous pourrions avoir un rapport positif à la fin», s'il n'y a pas de violences et si «l'état d'esprit» qui a prévalu samedi demeure, a déclaré à l'AFP cet ex-premier ministre de la Slovénie.

Le président sortant Goodluck Jonathan a maintes fois répété son engagement à organiser des élections libres et des efforts considérables ont été fournis, notamment par le président de la Commission électorale, un professeur respecté.

L'ancienne liste électorale, truffée d'électeurs fantômes souvent appelés Mike Tyson ou Nelson Mandela, a été remplacée par un fichier électronique, compilé notamment en relevant les empreintes digitales de plus de 73 millions de Nigérians qui se sont inscrits cette année.

Les médias locaux rapportaient dimanche que des résultats non officiels montraient un recul du PDP.

Le parti d'opposition Congrès pour l'Action au Nigeria (ACN), au pouvoir dans la capitale économique Lagos, semblait avoir gagné du terrain dans le sud-ouest.

Le Congrès pour le changement progressif (CPC, opposition), de l'ex-dictateur Muhammadu Buhari qui est le principal adversaire de Jonathan à la présidentielle, semblait lui avoir progressé dans le nord.

Samedi, les électeurs se sont mobilisés en nombre selon la commission électorale, en dépit d'un attentat à la bombe la veille au soir, dans un bureau de vote à Suleija (centre) qui a fait 13 morts.

Un deuxième attentat a eu lieu dans la journée de samedi dans un bureau de vote à Maiduguri (nord-est), et une troisième bombe a explosé dans la soirée dans un centre de collecte des bulletins de la même ville. Des sources sur place ont fait état de morts, ce que n'ont pas confirmé les autorités.

À Suleija, la plupart des victimes effectuaient leur service obligatoire dans le cadre du Corps de la jeunesse nigériane et avaient été recrutées comme agents électoraux pour préparer les législatives.

Aminu Maugid, 26 ans, un survivant, exprimait depuis son lit d'hôpital son dégoût. La bombe a explosé au moment où il cherchait son nom sur une liste d'agents. Le souffle l'a projeté au sol. Il s'est relevé, a escaladé un mur. Ce n'est que plus tard qu'il a réalisé qu'il avait une jambe cassée.

Trente-huit personnes ont été blessées dans l'attentat. Les blessés les plus graves ont été évacués dans un hôpital d'Abuja.