Johannesburg a affirmé jeudi que le chef d'état-major des armées de Côte d'Ivoire s'était réfugié au domicile de l'ambassadeur d'Afrique du Sud à Abidjan, avec son épouse et leurs cinq enfants.

Le ministère sud-africain des Affaires étrangères a précisé que le général Philippe Mangou et sa famille étaient arrivés à la résidence de l'ambassadeur mercredi soir.

Johannesburg en discute avec des interlocuteurs non précisés en Côte d'Ivoire, des dirigeants d'Afrique de l'Ouest, l'Union africaine et les Nation unies, ajoute le ministère.

Par ailleurs, les forces loyales au président élu, Alassane Ouattara, ont pris le port stratégique de San Pedro, progressant rapidement vers la capitale économique Abidjan.

La radio de l'ONU a annoncé que San Pedro, deuxième port de Côte d'Ivoire et principal site d'exportation du cacao, a été pris aux troupes loyales à Laurent Gbagbo mercredi soir. Des soldats tirant en l'air ont pris la fuite à bord de camions alors que les forces pro-Outtara pénétraient mercredi soir dans San Pedro, situé à environ 300 kilomètres à l'ouest d'Abidjan, ont raconté par téléphone un homme d'affaires et un propriétaire d'hôtel. Cette victoire intervient après la prise de la capitale administrative Yamoussoukro.

Les forces loyales à Ouattara, qui ont conquis une douzaine de villes depuis lundi, n'ont rencontré aucune résistance mais de nombreux observateurs craignent que les troupes fidèles au président sortant réservent leurs forces pour défendre Abidjan, où se trouve le palais présidentiel.

Dans le lit de Laurent Gbagbo

À Abidjan, les rebelles ont déjà pris le contrôle de plusieurs quartiers de la ville et ont attaqué une prison dont ils ont libéré les prisonniers. Ils auraient réussi à pénétrer à Yopougon, un quartier acquis à Laurent Ggbagbo.

Les rebelles seraient aux portes d'Abidjan, selon un conseiller d'Alassane Ouattara. «Ils vont entrer dans la ville sur plusieurs fronts, venant de différentes directions», a-t-il déclaré. Au cours de la nuit, les pro-Outtara ont pris le village natal de Laurent Gbagbo, Mama, où il possède une villa luxueuse. «Les rebelles ont dormi dans le lit de Gbagbo».

D'après un porte-parole des rebelles, Seydou Ouattara (sans lien de parenté avec le président), ils n'ont pas rencontré de résistance car Laurent Gbagbo a neutralisé l'armée régulière.

«Il a recruté des mercenaires, des milices. Il a dit à l'armée qu'il n'avait pas confiance en elle. Nous pouvons l'utiliser à notre avantage, a souligné Seydou Ouattara. Dans chaque ville, nous disons aux soldats «nous sommes vos frères, nous voulons la même chose».

Des diplomates et des responsables des organisations des droits de l'homme affirment que Laurent Gbagbo a enrôlé des mercenaires libériens et a armé des milices faute de confiance en son armée régulière.

Enfin, le conseiller de M. Gbagbo en Europe, Toussaint Alain, a déclaré jeudi que le président sortant «n'a pas l'intention de démissionner». Il a aussi affirmé qu'il n'y a pas de mercenaires aux côtés de l'armée régulière.

M. Alain accuse a France, les États-Unis et les Nations unies d'avoir orchestré cette «attaque»contre la Côte d'Ivoire.