Les Béninois ont voté dimanche pour élire un président parmi 14 candidats, mais des difficultés ont marqué le scrutin déjà été reporté deux fois à cause de problèmes d'inscription sur les listes électorales.

Les difficultés d'organisation de ce premier tour ont persisté avec des retards à l'ouverture de certains bureaux de vote, alors que les jours derniers avaient été marqués par des délais dans l'enregistrement électronique sur les listes électorales.

Le dépouillement des bulletins a commencé dimanche en fin de journée dans des bureaux. Les résultats définitifs ne sont pas attendus avant plusieurs jours.

Des témoins ont fait état d'une forte participation dans plusieurs endroits de Cotonou mais aucun chiffre global n'était disponible.

Le président Yayi, après avoir voté, a présenté ses excuses pour ces contretemps.

«Il y a certainement des erreurs. C'est pourquoi, au nom de la nation, je demande pardon à ceux qui ont été omis, s'ils existent», a-t-il déclaré à des journalistes.

Le chef de la mission d'observation de l'Union africaine, Nagoum Yamassoum, un ancien Premier ministre tchadien, a fait état d'une situation «contrastée» avec parfois l'absence de matériel électoral, y compris dans le village natal du président, Tchaourou.

Le porte-parole de la commission électorale, Honorat Adjovi, a lui aussi reconnu l'existence de problèmes.

«Nous avons donné des instructions qui n'ont pas été suivies», a-t-il dit à l'AFP, citant «une mauvaise repartition des bulletins dans certains bureaux de vote, ce qui explique les dysfoncionnements à ce niveau. Nous allons corriger cela les prochaines fois.»

À Cotonou, la capitale économique, des bureaux sont demeurés fermés longtemps.

«Sabotage!», criait un électeur devant un bureau fermé. «C'est un désordre total. Cette année, c'est une catastrophe!», renchérissait Affo Djouneidou, peintre de 45 ans, après deux heures d'attente avec des centaines de gens.

D'autres étaient satisfaits. «Ça se déroule bien pour l'instant», disait ailleurs Moussa Chitou, vendeur de 52 ans.

Le président sortant, 58 ans, élu en 2006, a pour principal adversaire Adrien Houngbédji, un avocat de 69 ans, qui convoite la présidence depuis vingt ans.

«C'est l'heure de la victoire, la victoire de notre peuple sur ceux qui ont tenté de l'empêcher d'user de son droit de vote. J'appelle ceux qui n'ont pas encore voté de sortir le faire pour sanctionner le régime en place», a dit ce dernier.

Un troisième homme, l'économiste Abdoulaye Bio Tchané, 58 ans, pourrait jouer un rôle d'arbitre.

Le quinquennat de Boni Yayi a été marqué par des scandales financiers. Le plus récent, qualifié d'«affaire Madoff à la béninoise», en 2010, a vu des milliers d'épargnants ruinés par une escroquerie semblable à celle qui a valu en 2009 150 ans de prison à l'Américain Bernard Madoff. Le président Yayi, accusé de complicité, a nié.

Son mandat expire le 6 avril et un nouveau président doit être proclamé avant cette date. Un second tour est jugé vraisemblable par beaucoup d'anaystes.

Initialement prévu le 27 février, le premier tour avait été décalé d'une semaine pour permettre la compilation du fichier électronique, utilisé pour la première fois dans ce pays d'Afrique de l'Ouest de 9,2 millions d'habitants.

Il avait été à nouveau reporté le 4 mars à la demande de la Commission électorale mais aussi de l'ONU et de l'Union africaine.

M. Yayi avait exclu vendredi un troisième report, comme le demandait l'opposition brandissant le risque d'émeutes si des électeurs ne pouvaient pas voter.