La commission électorale pour le référendum au Sud-Soudan a annoncé dimanche une majorité écrasante de 98,83% en faveur de la sécession, selon des résultats préliminaires complets de cette consultation qui conduira à la partition du plus vaste pays d'Afrique.

Contrastant avec la jubilation du Sud, des centaines d'étudiants ont manifesté dans le Nord pour une journée de protestations inspirée du mouvement qui ébranle l'Égypte voisine, malgré un imposant déploiement des forces de l'ordre.

Les premiers résultats préliminaires complets du référendum organisé du 9 au 15 janvier ont été annoncés lors d'une cérémonie joyeuse au mausolée du chef historique de la rébellion sudiste, John Garang, à Juba, capitale du Sud-Soudan.

Même si les premiers résultats préliminaires partiels déjà publiés ne laissaient plus de place au doute, et même si les résultats définitifs ne seront pas annoncés, pour des raisons de procédure, avant le 7 ou le 14 février, le verdict est sans appel: le Sud-Soudan veut son indépendance.

L'ensemble des 3 851 994 bulletins déposés au Sud, au Nord et à l'étranger ont été dépouillés, et 98,83% des votes sont en faveur de la sécession. La tendance varie cependant en fonction des régions: la sécession a recueilli 99,57% des suffrages dans le Sud, 99% à l'étranger et 58% dans le Nord.

«Je vous avais assuré que vous les Sudistes alliez voter à plus de 90% (pour l'indépendance), et vous m'avez donné raison», s'est réjoui Salva Kiir, président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, devant des centaines de personnes venues danser et chanter leur «terre promise».

Il a cependant demandé encore un peu de patience. Le calendrier établi en 2005 prévoit encore des mois de négociations avant une séparation effective le 9 juillet.

«Que pensiez-vous que j'allais faire ici? Déclarer l'indépendance du Sud-Soudan? Nous ne pouvons pas faire cela. Respectons l'accord. Nous allons doucement, afin d'arriver sûrement à notre destination», a-t-il expliqué.

Il s'exprimait devant la tombe de John Garang, décédé en juillet 2005, quelques mois après la signature de l'accord de paix ayant mis fin à 22 ans de guerre civile entre le Nord, principalement musulman et arabe, et le Sud, principalement chrétien et noir.

Le président soudanais Omar el-Béchir s'est déjà engagé à reconnaître la sécession du Sud-Soudan, promettant même des relations «fraternelles» avec le nouveau pays, le 193e au monde.

La communauté internationale a salué la clarté et la crédibilité du scrutin. Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, a cependant appelé les Soudanais à «redoubler d'efforts pour préserver la paix».

«Beaucoup reste à faire avant l'indépendance», a ajouté le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague.

Au Nord, ces résultats s'ajoutent à des difficultés économiques croissantes et à une inquiétude face à l'évolution du régime islamiste de Béchir après la partition annoncée.

Répondant à un appel lancé sur Internet, des centaines d'étudiants ont manifesté dimanche contre le président, bravant les policiers.

Des heurts ont opposé policiers et manifestants, et selon le parti d'opposition Umma, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées.

«Ce que nous avons vu en Égypte a inspiré la jeunesse», a déclaré à l'AFP Mubarak al-Fadl, membre d'Umma. Les jeunes «veulent montrer leur colère devant la gestion du Soudan qui a mené à la partition du pays, et parce que l'avenir du Nord est incertain».