Le premier président noir d'Afrique du Sud, Nelson Mandela, a quitté la clinique vendredi après deux jours d'hospitalisation pour une infection respiratoire aiguë, et recevra des soins à domicile, a annoncé le médecin-chef de l'armée nationale.

«Les médecins l'ont autorisé à quitter la clinique», a déclaré devant la presse Vejaynand Ramlakan, responsable de l'équipe médicale militaire assignée au suivi des chefs de l'État en fonction ou passés d'Afrique du Sud.

Vers 13h20 (6h20 heure de Montréal), un convoi d'une vingtaine de voitures de police et de véhicules officiels est arrivé à la propriété de M. Mandela, située au coeur d'un quartier tranquille de Johannesburg, selon une correspondante de l'AFP.

Les forces de l'ordre bloquaient les rues alentour et les journalistes n'ont pu voir l'icône de la lutte anti-apartheid, aujourd'hui un frêle vieillard de 92 ans.

M. Mandela est «dans un état stable mais fera l'objet d'un suivi attentif», a précisé le médecin-chef, soulignant que la capacité du nonagénaire à se rétablir avait «surpris» le personnel de la clinique de Milpark, située à quelques kilomètres de son domicile.

Aucune information officielle sur son état de santé n'avait filtré depuis l'admission à l'hôpital de M. Mandela mercredi, alimentant les spéculations et les inquiétudes.

L'ancien président «souffre de maladies communes aux personnes de son âge», a relevé M. Ramlakan. Sur ce terrain chronique, «il a récemment développé une infection respiratoire aiguë et a très bien répondu aux traitements.»

«Il n'est probablement pas aussi mobile que nous l'aurions souhaité mais son attitude (positive) l'aide à supporter les vicissitudes du grand âge avec beaucoup de grâce», a ajouté le médecin, promettant désormais la publication régulière de bulletins de santé.

Le vice-président du pays, Kgalema Motlanthe, a de son côté exhorté la population à «continuer de prier pour que Madiba soit avec nous pour fêter ses 93 ans (le 18 juillet 2011) et au-delà.»

Aujourd'hui, «il n'y a nulle raison de paniquer, nul besoin de craindre pour la santé de Madiba», a affirmé M. Motlanthe, employant le nom de clan de M. Mandela, devenu avec «Tata» (Grand-Père) le surnom affectueux par lequel les Sud-Africains de toutes races désignent leur héros.

Pendant son hospitalisation, l'artisan de la transition en douceur de l'Afrique du Sud vers la démocratie a «plaisanté» lors des nombreuses visites de proches et de personnalité, a indiqué le vice-président.

Durant les deux jours de silence officiel, le pays a retenu son souffle. «Tous les enfants d'Afrique du Sud pensent à lui», affirmait ainsi Boitumelo Mogale, un adolescent de 15 ans scolarisé près de la clinique.

«C'est l'un des plus grands hommes de l'histoire sud-africaine. Il a fait tellement pour notre pays», a poursuivi l'étudiant.

Keneilwe Mathamela, 15 ans, avouait sa «difficulté à se concentrer» sur les cours. «Nous sommes tout le temps en train de regarder par la fenêtre pour voir ce qui se passe. Nous voulons juste qu'il nous revienne.»

Nelson Mandela a passé 27 ans dans les geôles du régime d'apartheid. Il a gagné le coeur de toute la nation en prônant la réconciliation après sa triomphale élection à l'issue du premier scrutin multiracial en 1994.

Retiré de la vie politique depuis 2001, deux ans après avoir laissé la présidence à la fin de son mandat, il se faisait de plus en plus discret. Sa dernière apparition publique remonte à la cérémonie de clôture du Mondial 2010 de soccer à Johannesburg, où il semblait heureux mais très frêle.