Quarante-deux personnes ont été blessées, dont un député et un dirigeant régional de l'opposition, et d'autres arrêtées dans des heurts avec la police samedi à Alger lors d'une tentative de manifestation pour la démocratie interdite par les autorités, selon différentes sources.

Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) qui avait appelé à la manifestation, a indiqué par téléphone à l'AFP qu'«il y a eu plusieurs blessés et parmi eux, le chef du groupe parlementaire du RCD Othmane Amazouz, et de nombreuses arrestations» devant le siège de son parti où ses partisans avaient rendez-vous avant la marche prévue sur le Parlement.

Certains manifestants brandissant des drapeaux algériens mais aussi parfois les couleurs de la Tunisie criaient «Algérie démocratique» ou «le pouvoir, y en a marre», a constaté l'AFP.

Peu après, un journaliste de l'AFP a également vu le chef régional du RCD à Bejaia (260 km à l'est d'Alger), Reda Boudraa, la tête couverte de sang après qu'il eut reçu un coup de bâton. Il a été évacué dans une ambulance avec un autre manifestant blessé.

Le député et porte-parole du RCD Mohsen Belabbes a fait état à la mi-journée de six blessés.

L'AFP a été témoin de plusieurs arrestations musclées, surtout des jeunes.

Arezki Aïter, le député RCD de Tizi Ouzou, principale ville de Kabylie, a été interpellé puis relâché une heure plus tard, selon son parti.

Dès le début de la matinée, quelque 300 personnes s'étaient retrouvées bloquées par des centaines de membres des forces de l'ordre casqués et équipés de matraques, boucliers et gaz lacrymogène, devant le siège du RCD sur l'avenue historique de Didouche Mourad, les Champs Élysées algériens.

Les manifestants espéraient marcher GMT en direction de l'Assemblée nationale populaire, le Parlement et criaient: «État assassin», «Jazaïr Hourra, Jazaïr Democratiya» («Algérie libre, Algérie démocratique»).

Dès vendredi soir, les autorités avaient pris des dispositions pour quadriller la capitale après que le RCD eut confirmé son intention de manifester malgré l'interdiction décrétée par la wilaya (préfecture) d'Alger. En milieu de nuit, des dizaines de véhicules blindés étaient déjà en position dans le vieux centre historique.

Des barrages ont aussi été érigés à l'entrée est de la ville et au moins trois bus transportant des manifestants de Kabylie ont été bloqués dès vendredi soir, selon des témoins cités par le quotidien El-Watan.

L'Algérie a vécu au début de janvier cinq jours d'émeutes contre la vie chère qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le mouvement s'est arrêté après l'annonce par le gouvernement de mesures baissant les prix des produits de première nécessité.