Les Sud-Soudanais votaient massivement et dans le calme dimanche, au premier jour d'un référendum «historique» attendu depuis plus de 50 ans qui devrait mener à la partition du plus vaste pays d'Afrique, entre le Nord arabo-musulman et le Sud afro-chrétien.

«C'est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient», a déclaré le chef sudiste Salva Kiir, après avoir voté à Juba, capital du Sud-Soudan, dans un centre jouxtant le mausolée de John Garang, chef de la rébellion sudiste décédé en 2005 peu après avoir signé la paix avec Khartoum.

«Je pense aux proches de Dr. John et à tous ceux qui sont morts avec lui, je voudrais leur dire aujourd'hui qu'ils ne sont pas morts en vain», a ajouté M. Kiir.

Environ quatre millions de Sudistes, au Sud-Soudan mais aussi dans le Nord et à l'étranger, sont appelés à voter pour le maintien de l'unité ou la sécession, dans un scrutin qui se tient sur sept jours et prend fin le 15 janvier.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08HO0 (05H00 GMT) et doivent fermer à 17H00.

«Tous les bureaux de vote sont ouverts, la participation est très forte au   Sud», a déclaré à l'AFP George Maker Benjamin, porte-parole de la commission référendaire. «La situation est calme à travers le Sud-Soudan», a déclaré à l'AFP Philip Aguer, porte-parole de l'armée sudiste.

Des milliers de personnes, dont plusieurs n'ayant pas fermé l'oeil de la nuit, avaient patienté de longues heures en attendant l'ouverture des bureaux à Juba. De longues files d'attente ont aussi été observées à Bentiu et Rumbek, deux autres grandes villes du Sud.

«C'est un nouveau jour parce que nous votons pour notre liberté. Nous avons combattu pendant trop d'années, mais aujourd'hui ce vote pour la séparation est aussi un vote pour la paix. Le soleil se lèvera bientôt sur un Sud-Soudan libre», se réjouit Wilson Santino, un électeur.

Au Nord, où sont enregistrés environ 115 000 Sudistes, les bureaux de vote étaient désertés, selon des journalistes de l'AFP.

La partition semble inévitable à l'issue de ce référendum prévu par l'accord de paix conclu en 2005 entre le Nord et le Sud, qui a mis fin à une guerre civile de plus de 20 ans au cours de laquelle deux millions de personnes ont péri.

Les Sudistes avaient pris les armes pour la première fois en 1955, signé la paix en 1972 avant de renouer avec la rébellion en 1983.

«C'est le début d'un nouveau chapitre dans l'Histoire du Soudan, et un chapitre très important», a dit à l'AFP le sénateur américain John Kerry, présent à Juba.

L'acteur américain George Clooney, engagé contre la guerre au Soudan et présent dimanche à Jouba, a salué «un grand jour pour le monde entier».

À la veille du référendum, Salva Kiir a plaidé pour une «coexistence pacifique» entre le Nord et le Sud, alors que des combats dans des régions limitrophes avaient assombri samedi les préparatifs du scrutin.

«Il n'y a pas eu d'autres combats aujourd'hui dans (l'État d')Unité, la situation est calme à travers le Sud-Soudan», a affirmé dimanche à l'AFP Philip Aguer.

Le gouverneur sudiste d'Abyei, Deng Arop Kuol, a lui indiqué que la région était calme dimanche. «Il n'y a pas eu d'accrochages aujourd'hui. La situation est très calme», a-t-il dit à l'AFP.

«Toutes les parties doivent s'abstenir de rhétorique enflammée ou d'actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d'exprimer leur choix», a plaidé le président américain Barack Obama dans le New York Times.

Le président soudanais Omar el-Béchir s'était quant à lui engagé à reconnaître la sécession du Sud, voire à aider à bâtir un État dans le Sud, région pétrolière de plus de 8,5 millions d'habitants, qui serait amené à devenir l'un des pays les plus pauvres sur la planète.

La majorité simple (50% + une voix) est nécessaire pour que le «oui» l'emporte, mais il faut qu'au moins 60% des électeurs inscrits votent afin que le résultat soit valide.

«Si le Sud devient indépendant, il y aura beaucoup de travail à faire parce que ce sera la naissance d'un nouveau pays. Le Nord et le Sud peuvent compter sur notre soutien», a assuré l'émissaire américain Scott Gration.