Les violences de Noël entre chrétiens et musulmans au Nigeria ont fait au moins 86 morts, selon un nouveau bilan gouvernemental publié mardi, alors qu'une secte islamiste revendiquait ces attentats et promettait de nouvelles attaques.

Ces tueries ont provoqué un regain de tension à l'approche de l'élection présidentielle d'avril dans ce pays de plus de 150 millions d'habitants, le plus peuplé d'Afrique, divisé entre ethnies et confessions qui s'affrontent régulièrement pour des conflits d'interêts.

Une agence gouvernementale, l'Agence nationale de gestion des situations d'urgence, a déclaré que le bilan des attentats de vendredi, veille de Noël, dans la ville de Jos, dans le centre du Nigeria, et les représailles qui avaient suivi dimanche s'était alourdi à 80 morts.

La police qui a fait état de 35 morts - 32 vendredi et trois dimanche - à Jos continue d'affirmer que le bilan est inférieur. Mais l'agence gouvernementale assure que ses chiffres sont exacts car basés sur les informations recueillies auprès des hôpitaux.

Six autres personnes sont également mortes vendredi à Maiduguri, principale ville de l'État de Borno, dans des attaques et incendies d'églises attribués à la secte islamiste Boko Haram.

Des affrontements entre chrétiens et musulmans de différentes ethnies se produisent régulièrement à Jos, capitale de l'État du Plateau, à la limite entre le nord majoritairement musulman et le sud principalement chrétien.

Des centaines de personnes ont ainsi été tuées rien que cette année dans cette région.

De nombreux observateurs attribuent les violences à une lutte pour le pouvoir, tant politique qu'économique, entre ces deux communautés et craignent leur exacerbation en période électorale.

L'ensemble des violences a été revendiqué dans un communiqué mis sur un site islamiste par une secte qui porterait le nouveau nom de Boko Haram, groupe nigérian se revendiquant des Talibans et auteur d'un soulèvement qui avait fait 800 morts en 2009 dans le nord du Nigeria.

«Ô nations du monde, soyez informées que les attaques de Suldaniyya (Jos) et Borno à la veille de Noël ont été commises par nous, Jama'atu Ahlus-Sunnah Lidda'Awati Wal Jihad, sous la direction de Abu Muhammad, Abubakar bin Muhammad Shekau», selon la déclaration.

Le nom de la secte signifie «Peuple dévoué aux enseignements du Prophète pour la propagation et la guerre sainte» (jihad).

Des membres de Boko Haram ont déclaré dans le passé vouloir désormais porter ce nom.

Les attentats de Noël devaient «marquer le début des vengeances après les atrocités commises contre les musulmans dans ces régions et dans le pays en général», selon le texte.

«Nous allons par conséquent continuer nos attaques contre les mécréants et leurs alliés et tous ceux qui les aident jusqu'au triomphe d'Allah», poursuit-il.

Shekau, le nom mentionné dans le communiqué, est le chef présumé de Boko Haram et une ancienne vidéo d'un homme qui serait Shekau figure aussi sur le site.

Le commissaire Abdulrahman Akano de la police de l'État du Plateau a toutefois émis des doutes sur la revendication.

«N'importe qui peut mettre n'importe quoi sur l'internet», a-t-il dit, ajoutant que les bombes n'étaient pas la méthode habituellement utilisée par Boko Haram, accusée d'une série d'attaques ces derniers mois dans le nord du Nigeria.

La police doute aussi que les attentats de Jos et les attaques commises dans la ville de Maiduguri dans l'Etat de Borno soient liés.

Boko Haram comptait des milliers de partisans en 2009 où elle avait mené en juillet une offensive coordonnée contre des commissariats dans plusieurs États du nord.