La Cour d'Etat du Niger a levé cette semaine l'immunité du président déchu Mamadou Tandja, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires contre lui pour de présumées malversations financières, a affirmé dimanche le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah.

«Cette levée de l'immunité de l'ancien président fait suite à des contrôles dans divers sociétés et organismes qui ont décelé des irrégularités que les responsables de ces sociétés lui ont imputées directement ou indirectement», a déclaré M. Dan Dah à la presse.

La levée de son immunité permettra à l'ancien chef d'Etat de «s'expliquer», a-t-il fait valoir.

Cette décision permet au procureur de la République d'«engager une action publique» contre M. Tandja s'il est établi qu'il a commis «des infractions au Code pénal», a ajouté le porte-parole.

Selon l'hebdomadaire privé «La roue de l'Histoire», les résultats d'enquêtes de la Commission de lutte contre la délinquance financière, créée par la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat contre M. Tandja en février, sont «accablants» pour ce dernier.

Ces enquêtes ont débuté en mai et ont déjà conduit à l'incarcération de plusieurs hauts responsables, notamment l'ex-patron du Trésor, tous accusés d'avoir dilapidé des fonds publics.

Vendredi, le chef de la junte, le général Salou Djibo, a indiqué à la télévision que plus de 4,7 milliards CFA (plus de 7 millions d'euros) ont été récupérés sur 21 milliards de FCFA (plus de 32 millions d'euros) réclamés par la commission.

M. Tandja est depuis février détenu dans une villa dans l'enceinte de la présidence. Mais en novembre, la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a jugé «arbitraires» son arrestation et sa détention et «ordonné sa libération». Le Niger avait alors fait savoir qu'il comptait demander la révision du procès.