Une femme centrafricaine a raconté mardi aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) avoir été violée par trois «rebelles» de l'ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) Jean-Pierre Bemba, jugé à La Haye.

«Sur les six qui sont entrés dans ma chambre, trois ont couché avec moi, les autres ont fouillé toute la maison», a raconté le témoin cité par l'accusation, dont l'identité n'a pas été révélée au public par mesure de protection.

Les juges entendaient mardi la première victime dans le procès de Jean-Pierre Bemba, 48 ans, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, qui s'était ouvert le 22 novembre.

L'opposant congolais doit répondre de viols mais aussi de pillages et de meurtres commis par sa milice du Mouvement de libération du Congo (MLC) entre octobre 2002 et mars 2003 en Centrafrique où elle était venue soutenir les troupes du président Ange-Félix Patassé, en butte à une rébellion menée par le général François Bozizé.

«Aux environs de 4 ou 5 heures du matin (...) ils sont entrés chez nous, on était encore en plein sommeil, un m'a dit 'donne-moi de l'argent', je lui ai dit que je n'en avais pas», raconte le témoin, assis face aux juges, protégé des regards du public par un rideau.

«Ensuite il m'a demandé de me coucher sur mon lit, je lui ai dit pardon, je ne voulais pas», poursuit la Centrafricaine : «il m'a jetée sur le lit et a pointé l'arme sur mon cou, il a sorti un petit couteau et a arraché mon slip, il a écarté mes jambes de force et il a couché avec moi».

«Lorsque celui qui couchait avec moi avait fini, il s'est relevé, un autre a couché avec moi, puis quand il avait fini, un autre», continue-t-elle, la voix  modifiée et le visage flouté pour la retransmission de l'audience sur Internet.

Les hommes ont ensuite rassemblé dans le salon les autres femmes de la maisonnée. «Un a demandé à une des épouses de mon oncle de se déshabiller afin qu'il puisse coucher avec elle, elle s'est déshabillée mais comme elle avait de la gale partout sur le corps, ils ont vu qu'elle était sale et malade, ils l'ont laissée».

Les «rebelles» de Jean-Pierre Bemba, raconte-t-elle, «ont dit que Patassé leur avait dit que tous ceux à PK12 qui avaient une clôture autour de leur maison abritaient des rebelles, il leur a demandé de tuer tous les garçons âgés de 10 ans et plus; pour qu'ils ne le fassent pas, il fallait leur donner de l'argent».

«Ils ont fait sortir un de mes oncles comme on ne voulait pas donner d'argent. Ils ont dit qu'ils allaient le tuer, ils l'ont braqué avec leur arme, ils voulaient lui tirer dessus, les chiens aboyaient, aboyaient».

«Ils ont abattu un des chiens, ils ont laissé mon oncle, ils ont seulement emporté le chien qu'ils avaient abattu», dit-elle en achevant son récit.

Le bureau du procureur doit présenter une quarantaine de témoins au procès, prévu pour durer plusieurs mois, de Jean-Pierre Bemba, qui plaide non coupable et encourt la réclusion à perpétuité.