Des violences, des manifestations et des accusations d'irrégularités ont marqué dimanche le premier tour des législatives en Egypte, où le parti du président Moubarak entend renforcer son pouvoir face à l'opposition islamiste, à un an de la présidentielle.

Les électeurs, peu motivés par un scrutin jugé gagné d'avance par le pouvoir, étaient rares dans les bureaux de vote du Caire et d'Alexandrie le matin, et un peu plus nombreux dans l'après-midi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les urnes ont fermé à 19h00 locales (17h00 GMT), et les résultats sont attendus lundi ou mardi, selon des sources officielles. Le second tour est prévu le 5 décembre.

Un jeune homme de 24 ans, Omar Sayyed Sayyed, a été tué d'un coup de poignard dans la nuit de samedi à dimanche alors qu'il collait des affiches pour son père, Sayyed Sayyed Mohamed, candidat indépendant dans le nord-est du Caire.

La famille estime que le meurtre est lié aux élections, mais la police soutient qu'il s'agit d'une «dispute privée».

Des heurts entre partisans de différents candidats ont par ailleurs été rapportés dans plusieurs villes du pays, faisant notamment un blessé par balle près de Mansourah, dans le delta du Nil, et trois autres à Sohag, en moyenne-Egypte, selon des sources de sécurité.

A Samanoud, dans le delta, des heurts entre Frères musulmans et force de l'ordre ont aussi fait plusieurs blessés, selon des sources au sein des services de sécurité.

De nombreux incidents ont été liés au refus de laisser entrer dans les bureaux de vote les délégués des candidats islamistes ou indépendants, censés surveiller les opérations électorales.

En certains endroits la police a utilisé des gaz lacrymogènes.

«Dès le tout début du vote, il y a eu toute une série d'irrégularités et une utilisation de la force qui menacent le processus électoral», a affirmé dans un communiqué la Coalition égyptienne pour la surveillance des élections, en faisant état de cas de bourrage d'urnes et de votes achetés.

Une autre organisation non-gouvernementale, la Coalition indépendante pour l'observation, a fait état d'agressions «contre des candidats, leurs représentants ou des journalistes» par les forces de l'ordre.

Cet organisme a assuré que des «criminels ont été utilisés pour attaquer des candidats et leurs partisans».

Quelque 40 millions d'électeurs, sur 82 millions d'Egyptiens, étaient appelés à renouveler l'Assemblée du peuple qui compte 518 sièges - 508 ouverts au vote et dix attribués par le président Hosni Moubarak.

A un an de la présidentielle de 2011, le Parti national démocrate (PND) de M. Moubarak a promis de laminer la représentation parlementaire des Frères musulmans, qui avaient raflé un cinquième des sièges en 2005.

Le pouvoir entend ainsi affirmer sa solidité au moment où le pays traverse une phase d'incertitude due à l'âge et à la santé de M. Moubarak, 82 ans, et aux interrogations sur sa possible succession.

La confrérie islamiste, officiellement interdite mais tolérée dans les faits, soutient 130 candidats se présentant comme «indépendants».

Elle a dénoncé une vaste campagne d'arrestations et d'intimidations de la part du pouvoir à l'encontre de ses militants au cours des dernières semaines.

Le président Moubarak a promis de son côté un vote «libre et régulier».

A Alexandrie, Omar Mahmoud, un marchand ambulant, affirmait dimanche «ne pas voir l'intérêt de voter», une opinion largement partagée par la population,  coutumière de taux d'abstention très élevés.

Les Etats-Unis ne sont pas parvenus à obtenir la présence d'observateurs internationaux, une demande vivement rejetée par l'Egypte comme une «ingérence étrangère».