Un couvre-feu nocturne sera instauré à partir de samedi soir en Côte d'Ivoire, à la veille du second tour de l'élection présidentielle, a-t-on appris de source officielle.

Selon un décret du président Laurent Gbagbo lu à la télévision publique, ce couvre-feu destiné à assurer le «maintien de l'ordre qui s'impose dans la période couvrant le second tour» est instauré dans tout le pays ce samedi et dimanche, jour du vote, de 22h00 à 06h00 (17h00 à 01h00, heure de Montréal), et de lundi à mercredi de 19h00 à 06h00 (14h00 à 01h00, heure de Montréal).

La mesure ne s'applique pas aux «personnes impliquées dans l'organisation des élections», précise le texte, citant les «officiels de la CEI (Commission électorale indépendante), les représentants des candidats et agents des Nations unies, les observateurs nationaux et internationaux et les journalistes».

L'annonce jeudi par le président-candidat Gbagbo de ce couvre-feu a suscité une polémique à la fin de la campagne électorale.

Le chef de l'État a défendu une «mesure dissuasive pour quelques extrémistes», tandis que le camp de son rival, l'ex-premier ministre Alassane Ouattara, a annoncé vendredi qu'il ne respecterait pas cette décision qui est selon lui «la porte ouverte» aux «fraudes».

Cette annonce survient le jour d'une visite, commencée dans la matinée, du  médiateur dans la crise ivoirienne, le président burkinabé Blaise Compaoré.

L'ONU dénonce la violence

La haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, a par ailleurs critiqué la violence dans la campagne électorale en Côte d'Ivoire avant le 2e tour de la présidentielle, avertissant que ce comportement «pourrait avoir des conséquences désastreuses» pour le pays.

«Les campagnes politiques et certains débats à la télévision et radio nationales ont englobé des discours et des communiqués qui incitent à la violence et à l'hostilité envers les candidats» à la présidentielle, a déclaré Mme Pillay.

«Cela a clairement contribué à la montée des tensions politiques à travers le pays». C'est dangereux et c'est un comportement inconscient qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la nation», a-t-elle averti.

La haute commissaire de l'ONU a cependant noté que le débat télévisé jeudi soir entre les deux candidats - le président Laurent Gbagbo et l'ancien premier ministre Alassane Ouattara - avait été un «développement positif».

«J'appelle les deux candidats et leurs sympathisants à s'astreindre de tout acte de violence et à décourager activement toute nouvelle incitation à la haine, afin que des élections pacifiques, libres et justes puissent se tenir dimanche», a déclaré Mme Pillay.

«Les menaces, le harcèlement et la violence sont une tentative claire d'empêcher le peuple de Côte d'Ivoire de choisir un avenir démocratique», a-t-elle ajouté.

Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens sont appelés à départager dimanche le chef de l'État sortant Laurent Gbagbo et l'ex-premier ministre Alassane Ouattara au second tour d'une présidentielle destinée à enterrer une décennie de coups d'État et de violences.

Face aux risques de violences, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de transférer 500 hommes et une unité aérienne de sa mission au Liberia voisin pour renforcer l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI, plus de 8500 hommes).