Les Frères musulmans, la principale force d'opposition en Égypte, ont accusé lundi le régime de «truquer» les législatives du 28 novembre en entravant l'action de leurs candidats et en procédant à une vague d'arrestations dans leurs rangs.

Vendredi, des heurts ont opposé des partisans de la confrérie islamiste aux forces de l'ordre, violences suivies par l'arrestation de près de 250 personnes à travers le pays, selon l'organisation islamiste.

Lors d'une conférence de presse, un haut responsable de la confrérie, Mohammed Mursi, a accusé le régime de «falsifier la volonté des Égyptiens», en dénonçant «la violence contre les candidats de l'opposition, particulièrement ceux des Frères».

«Ce qui se passe pendant ces élections dépasse l'imagination. S'agit-il d'un climat d'élections ou d'un régime qui envoie un message disant qu'il n'y aura pas d'élections», a ajouté Saad al-Katatni, le chef du bloc parlementaire des Frères, lui-même candidat aux prochaines élections.

«Ce qui est en train de se passer, c'est le trucage effectif des élections», a-t-il poursuivi, en faisant état de l'omniprésence des services de sécurité autour de lui et d'obstacles administratifs à sa candidature.

M. Mursi a précisé que depuis l'annonce de la participation des Frères au scrutin début octobre, plus de 1200 de leurs partisans avaient été arrêtés. Environ 500 se trouvent toujours en détention, selon lui.

Les Frères présentent 130 candidats pour les 508 sièges en lice.

Officiellement interdite mais tolérée dans les faits, la confrérie avait remporté un cinquième des sièges du parlement lors des dernières élections de 2005.

Les ONG menacent de boycotter la supervision des législatives

Des responsables de l'Alliance égyptienne pour la supervision des élections, qui regroupe 123 associations, ont notamment dénoncé lors d'une conférence de presse des restrictions pour l'accès de leur personnel aux bureaux de vote.

«Au moment où le gouvernement refuse la supervision internationale, il refuse également pratiquement la supervision de la société civile», a déclaré Hafez Abou Seada, directeur de l'Organisation égyptienne des droits de l'homme (OEDH).

Le pouvoir égyptien, qui refuse catégoriquement la présence d'observateurs étrangers demandée notamment par les États-Unis, fait valoir que la supervision par des ONG locales est suffisante pour garantir la régularité du scrutin.

Mais M. Abou Seada a dénoncé le fait que ces observateurs égyptiens devaient, en plus de l'agrément de la haute commission électorale, obtenir aussi celui des présidents des bureaux de vote pour pouvoir faire leur travail.

«Si nos observateurs ne peuvent pas rentrer dans les bureaux de vote sans une permission préalable des responsables des bureaux, et s'ils ne peuvent pas poser des questions sur le déroulement du scrutin, nous n'allons pas superviser les élections», a-t-il déclaré.

«Nous en appelons au président Hosni Moubarak qui a promis des élections libres pour qu'il intervienne immédiatement pour permettre à la société civile d'exercer son rôle», a-t-il ajouté.

M. Abou Seada a assuré que quatre personnes avaient déjà trouvé la mort au cours de la campagne, sans toutefois donner plus de détails, et prévenu que les violences pourraient s'aggraver.

«Jusqu'à présent il y a eu quatre morts dans la campagne électorale, en 2005 (lors des précédentes législatives) il y a eu au total 14 morts et cette année, nous nous attendons à un nombre de victimes beaucoup plus important», a-t-il déclaré.

Des violences ont eu lieu vendredi dernier entre partisans des Frères musulmans et forces de l'ordre à Alexandrie, ville du nord du pays, et plusieurs localités du delta du Nil notamment.