Le chef d'état-major de l'armée malgache s'est entretenu pendant près de deux heures vendredi avec un groupe d'officiers mutins dans leur camp militaire en périphérie d'Antananarivo, a constaté le correspondant de l'AFP.

Le général André Ndriarijaona est arrivé sur les lieux vers 10h30, heure locale (2h30, heure de Montréal) dans un convoi de deux véhicules 4X4 civils. Le chef d'état-major a quitté la caserne environ deux heures plus tard et n'a fait aucune déclaration.

 

Peu après son départ, une dizaines de gendarmes à bord de deux véhicules sont arrivés sur place et tentaient de disperser la centaine de badauds regroupés dans un village près de l'entrée de la base.

Au moins une grenade lacrymogène a été lancée et un homme d'une cinquantaine d'années a été interpellé, a constaté le correspondant de l'AFP.

Vendredi matin, le gouvernement malgache avait appelé la population civile à évacuer les environs de ce camp militaire -voisin de l'aéroport international d'Ivato, à environ 15 km en périphérie d'Antananarivo- où sont installés une vingtaine d'officiers mutins.

«Nous demandons aux familles qui habitent dans le camp militaire d'Ivato et aux habitants des environs de quitter momentanément les lieux et de rejoindre un endroit plus sûr», indique ce message du ministère de la Défense, diffusé sur les ondes de la radio nationale et via un bandeau déroulant sur les écrans de la télévision publique.

Mercredi, ces officiers avaient affirmé avoir «suspendu toutes les institutions» du régime d'Andry Rajoelina. Leur déclaration est restée jusqu'à présent sans effet, avec l'absence de soutien apparent du reste de l'armée à leur mouvement et la poursuite des activités habituelles dans la capitale.

Leur appel à la mutinerie a été lancé le jour même d'un référendum constitutionnel organisé par le pouvoir en place et boycotté par une partie de l'opposition, le premier scrutin depuis l'éviction en mars 2009 du président élu Marc Ravalomanana et l'accession au pouvoir de M. Rajoelina, 36 ans.

Les mutins, dirigés par un ancien ministre des Forces armées, le général  Noël Rakotonandrasana, actuellement sans affectation, sont basés dans la caserne du Régiment des forces d'intervention (RFI).

Jeudi, le général Rakotonandrasana avait assuré vouloir poursuivre sa tentative de renverser le régime Rajoelina, appelant l'armée et la population à rejoindre les lieux.

L'homme fort du pays, M. Rajoelina, avait prévenu que l'État prendrait «ses responsabilités» face aux «velléités de troubles de certains».

«Tout est prêt pour une intervention mais on espère toujours une arrestation sans violence», a assuré vendredi à l'AFP une source militaire malgache, s'exprimant sous couvert d'anonymat.

À l'exception de la dizaine de gendarmes, aucun mouvement ou déploiement militaire particulier n'était visible aux alentours de la caserne, alors que l'aéroport fonctionnait normalement.

Cette caserne abrite notamment des bâtiments où vivent de nombreuses familles de militaires. La situation y était parfaitement normale depuis le début de la mutinerie, piétons et véhicules circulant librement dans et autour de la base.