L'état d'urgence a été déclaré mercredi en Guinée, en raison des violences qui secouent le pays dans le cadre de l'annonce des résultats provisoires de l'élection présidentielle.

En vertu du décret lu à la télévision publique par le chef des forces armées Nouhou Thiam, les civils sont soumis au couvre-feu et interdits de circulation dans les rues. Seules les forces de sécurité peuvent circuler sans restrictions, a-t-il ajouté, sans plus de précisions.

L'état d'urgence restera en vigueur jusqu'à l'annonce par la Cour suprême des résultats définitifs du scrutin du 7 novembre. Les juges ont huit jours pour ce faire, à compter de l'annonce des résultats provisoires, intervenue lundi soir et donnant la victoire à l'opposant historique Alpha Condé.

Pendant ce temps, des membres de l'ethnie malinké étaient à s'armer en vue d'éventuelles confrontations avec leurs voisins peuls, alors que les tensions ethniques étaient exacerbées par l'issue controversée de la récente élection présidentielle.

Des groupes d'hommes se sont rassemblés en bordure de la route qui relie la banlieue, Conakry, aux banlieues dilapidées et ont menacé les voitures qui passaient avec des gourdins, des armes et des machettes.

Un manifestant malinké a expliqué que cette démonstration de force vise à illustrer la capacité de son groupe ethnique à se défendre.

Le candidat présidentiel Alpha Condé, un Malinké, a été proclamé vainqueur lundi soir, provoquant la colère des partisans du candidat peul, Cellou Dalein Diallo. Ces derniers ont incendié des pneus, barricadé des routes et attaqué les résidences et commerces appartenant aux Malinkés.

Les forces de l'ordre guinéennes, qui sont surtout malinké, ont pris le contrôle des quartiers les plus chauds, qui ressemblent maintenant à des villes-fantômes. Les anecdotes de brutalité policière contre les peuls se multiplient; au moins quatre personnes ont été tuées et 62 blessées depuis l'annonce des résultats, lundi.

Des coups de feu étaient toujours entendus, mercredi, et les hôpitaux rapportent l'arrivée continue de nouveaux blessés.

Les analystes craignent que la violence ethnique en Guinée ne vienne déstabiliser des pays voisins déjà fragiles. Des affrontements entre peuls et malinkés se sont produits mercredi en Sierra Leone, selon la police, et une vingtaine de personnes ont été arrêtées pour avoir participé à une émeute.

L'autre voisin de la Guinée, le Liberia, a lui aussi été touché par de violentes confrontations ethniques au cours des dernières années.

Dans la région, la Guinée avait toujours été citée en exemple d'un pays où différentes ethnies peuvent vivre en harmonie les unes avec les autres.