Un groupe d'officiers a affirmé mercredi avoir renversé le régime d'Andry Rajoelina à Madagascar, dans une déclaration restée sans effet apparent dans la capitale Antananarivo, a constaté l'AFP sur place.

«L'État prendra ses responsabilités» face aux mutins, a mis en garde M. Rajoelina, en réponse à cette déclaration faite le jour-même de la tenue d'un référendum sur une nouvelle Constitution voulu par le régime en place.

«Il y a des velléités de troubles de la part de certains qui veulent mettre des bâtons dans les roues de la transition (...)», a déclaré dans la soirée M. Rajoelina, visiblement décontracté, et qui s'exprimait devant la presse après avoir assisté au dépouillement des bulletins dans son bureau de vote d'Ambatobe, près de son domicile dans la capitale malgache.

À la mi-journée, le général Noël Rakotonandrasana, actuellement sans affectation a proclamé au cours d'une conférence de presse avoir «suspendu» toutes les institutions existantes».

«C'est un Comité militaire qui va gérer les affaires du pays», a affirmé, accompagné d'une vingtaine d'officiers, cet ancien ministre des Forces armées, limogé en avril dernier, déjà sur fond de rumeur de tentative de coup d'État.

L'officier s'exprimait depuis un camp militaire proche de l'aéroport d'Antananarivo, à une quinzaine de km en périphérie de la ville.

Cette déclaration est restée toute la journée sans effet perceptible dans la capitale, où aucun déploiement militaire ou incident n'a été constaté jusque dans la soirée.

«Actuellement, il y une réunion à la Primature avec l'état-major. Ce sont eux qui vont déterminer les mesures à prendre», a expliqué M. Rajoelina, qui a indiqué avoir «reçu des menaces de mort de la part de militaires» au cas où il ne démissionnerait pas.

En fin d'après-midi, de brèves échauffourées ont éclaté près de l'aéroport entre les forces de l'ordre et quelques centaines de manifestants anti-gouvernementaux, qui tentaient d'ériger des barricades pour prévenir toute intervention de l'armée dans le camp des officiers rebelles, visiblement déserté.

Cette apparente tentative de putsch est intervenue le jour de la tenue d'un référendum constitutionnel se voulant la première étape d'un processus de sortie de crise initié en août par M. Rajoelina et une centaine de partis politiques. Ce processus prévoit des législatives en mars et une présidentielle en mai.

Il s'agit du premier scrutin depuis la prise de pouvoir de M. Rajoelina qui, soutenu par la rue et l'essentiel de l'armée, avait évincé en mars 2009 le président élu Marc Ravalomanana.

Les trois mouvances des anciens présidents Ravalomanana, Didier Ratsiraka et Albert Zafy, aujourd'hui dans l'opposition, refusent ce processus et avaient appelé au boycott de la consultation.

Le général Rakotonandrasana avait joué un rôle crucial dans le changement de régime de 2009 en prenant la tête d'une mutinerie militaire contre le président Ravalomanana.

Les opérations de vote se sont poursuivies normalement jusqu'à 18h locales (8h heure de Montréal) avec une relative affluence.

Un peu moins de 8 millions de Malgaches étaient appelés à se prononcer sur ce projet de nouvelle Constitution, dont l'enjeu réside essentiellement dans la mobilisation des électeurs et leur soutien implicite au régime.

Madagascar est plongée dans une grave crise politique et économique depuis fin 2008 puis l'éviction de M. Ravalomanana.

Le projet de Constitution est censé éviter les «dérives dictatoriales» et renforce notamment la décentralisation. L'âge minimum pour pouvoir être candidat à la présidence est abaissé de 40 à 35 ans, ce qui autoriserait Andry Rajoelina, 36 ans, à se présenter au prochain scrutin présidentiel, même si l'intéressé s'est engagé à ne pas être candidat.