L'opposant historique Alpha Condé a remporté l'élection présidentielle en Guinée, selon les résultats préliminaires annoncés lundi par la commission électorale.

M. Condé a récolté 53,5% des 2,89 millions de votes exprimés. Son rival, l'ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, a pour sa part obtenu 47,5% des voix. Au total, 4,2 millions de citoyens s'étaient inscrits pour voter.

La capitale guinéenne, Conakry, était en proie à des émeutes peu avant l'annonce des résultats, lundi. Des partisans de Cellou Dallein Diallo, en majorité issus de l'ethnie peule, sont descendus dans les rues et ont détruit des maisons appartenant à des Malinkés, qui soutiennent en majorité M. Condé.

Des bandes de jeunes manifestants se sont cachés dans des ruelles et ont lancé des pierres aux policiers pour protester contre la victoire d'Alpha Condé, peu après que celui-ci eut tenu une conférence de presse et affirmé qu'il était persuadé d'avoir gagné l'élection du 7 novembre.

Des camions anti-émeute de la police se sont positionnés à des intersections stratégiques dans les faubourgs de la capitale, où les troubles ont commencé. Les forces de sécurité ont arrêté des manifestants et tiré des gaz lacrymogènes contre les émeutiers qui brûlaient des pneus.

Dimanche, Cellou Dalein Diallo avait déclaré qu'il n'accepterait pas les résultats de l'élection parce que la commission électorale a refusé de rejeter les bulletins de vote contestés provenant de deux provinces où ont eu lieu des émeutes anti-Peuls la veille du scrutin. M. Diallo a affirmé que ses partisans avaient été trop intimidés pour aller voter et que son parti n'avait pu trouver de représentants pour superviser le décompte des voix.

Les organisations de défense des droits de la personne craignent que les émeutes et les affrontements de rue ne dégénèrent et poussent les militaires, qui ont dirigé la Guinée pendant 26 ans, à s'impliquer dans le processus électoral.

L'armée, majoritairement composée de soldats malinkés, a été mise en cause pour le massacre, l'année dernière, de manifestants qui s'étaient rassemblés dans le stade national pour demander la fin du régime militaire. Des femmes ont été victimes de viols collectifs et des preuves montrent que des soldats ont ciblé une femme peule pour l'agresser sexuellement.

Les militaires ont promis de rester dans leurs casernes pour permettre aux Forces spéciales de sécurisation du processus électoral (Fossepel), spécialement formées pour l'occasion, de gérer les violences post-électorales. Alors que des pneus brûlaient à des carrefours routiers, des membres de la Fossepel tentaient de contenir les manifestants quand un camion rempli de militaires aux bérets rouges est arrivé sur les lieux.

Un commandant des Fossepel leur a demandé de partir. «S'il-vous-plaît, ne tirez pas. Ne battez personne. Vous devriez retourner à vos postes de commandement», a dit le commandant.

Les militaires ont fait demi-tour et sont repartis.