L'Angola célèbre jeudi 35 ans d'indépendance, dont seulement huit années de paix qui ont vu l'ancienne colonie portugaise devenir le premier producteur africain de pétrole, accumulant une richesse qui laisse pourtant 70% de la population dans la pauvreté.

Les commémorations doivent avoir lieu à Luanda dans le stade du «11-novembre», achevé il y a moins d'un an pour la Coupe d'Afrique des nations de football et symbole du renouveau d'un pays ruiné par la guerre civile.

Le 11 novembre 1975, le leader du Mouvement populaire de libération de l'Angola (MPLA) Agostinho Neto proclamait l'indépendance et devenait le premier président de la République angolaise.

Mais cette date marquait également le début d'un conflit sanglant qui opposera pendant 27 ans le MPLA, soutenu par l'Union Soviétique et l'armée cubaine, à l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), aidée par les États-Unis et l'Afrique du Sud de l'apartheid.

En dépit de la fin de la guerre froide et de l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud, le confit reprenait après une brève interruption en 1992, l'Unita refusant d'accepter sa défaite à des élections avortées.

Il faudra la mort de Jonas Savimbi, leader historique de l'Unita tué en 2002, pour conclure un cessez-le-feu.

Un demi-million de personnes ont été tuées dans le conflit, autant ont pris le chemin de l'exil. L'économie a été dévastée, les campagnes parsemées de mines.

Dès la fin de la guerre, grâce à une croissance vertigineuse (20,2% en 2006) soutenue par la manne pétrolière et à des lignes de crédit accordées par la Chine, le pays entamait de gigantesques travaux de reconstruction qui ont changé son visage.

En septembre 2008, il organisait ses premières élections législatives, confortant la majorité du MPLÀ avec plus de 80% des suffrages.

Le scrutin présidentiel a été reporté à la fin du mandat en 2012 du président Jose Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis 31 ans sans jamais avoir été élu, soit le chef de l'État à la plus grande longévité d'Afrique après le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

L'écrasante victoire de son parti lui a toutefois conféré une certaine légitimité et, en 2009, le Fonds monétaire international accordait à l'Angola une ligne de crédit de 1,4 milliard de dollars, ouvrant l'accès aux bailleurs mondiaux.

En décembre 2009, la consécration internationale était entérinée avec un sommet à Luanda de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) que l'Angola avait rejointe deux ans auparavant.

La Coupe d'Afrique des nations, en janvier 2010, mettait toutefois en relief le conflit indépendantiste larvé de la province pétrolière de Cabinda (nord), enclave encastrée entre le Congo et la République démocratique du Congo (RDC), avec une attaque meurtrière contre le bus de l'équipe du Togo.

Le président Dos Santos a reconnu lors d'un récent discours sur l'état de la nation - exercice jusque là inédit - que la priorité devait désormais aller à «la lutte contre la faim et la pauvreté» et qu'un «effort gigantesque» devait être mené sur le front du logement.

Car les pauvres sont restés en marge du développement de ce gigantesque pays de 18,5 millions d'habitants. 87% de la population urbaine vit encore dans des bidonvilles, selon l'Unicef, et seulement 42% des Angolais ont accès à l'eau.

«La distribution des richesses est trop asymétrique», relève l'économiste Alves Da Rocha. «20% des Angolais les plus riches se partagent 60% des revenus nationaux, alors que 20% des plus pauvres n'ont que 7% des revenus.»

Pour réduire ces écarts, «il faudrait combattre activement la corruption», rappelle-t-il. L'Angola est le 10e pays le plus corrompu de la planète, selon Transparency International.