L'ex-Premier ministre ivoirien Alassane Ouattara, qualifié pour le second tour de la présidentielle, et les autres chefs de l'opposition ont exigé samedi un nouveau comptage des voix, reprenant une demande de l'ancien chef d'État Henri Konan Bédié, défait au premier tour.

Le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition de quatre partis d'opposition dont MM. Bédié et Ouattara sont les leaders, «exige la reprise du comptage des bulletins de vote», selon une déclaration lue à Abidjan par le porte-parole Alphonse Djédjé Mady.

Le RHDP n'a pas donné de consigne de vote en vue du second tour, prévu le 28 novembre, qui doit opposer le président sortant Laurent Gbagbo (38,3% des voix au premier tour le 31 octobre) à M. Ouattara (32,1%).

De «graves irrégularités» ont «entraîné la perte de centaines de milliers de voix des candidats du RHDP au profit» de M. Gbagbo, a affirmé M. Mady.

Le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) de M. Bédié (25,2%) avait dénoncé mercredi, avant même l'annonce des résultats provisoires, une «volonté manifeste de tripatouillage» et exigé «le recomptage des bulletins de vote».

Le PDCI a annoncé le dépôt de réclamations auprès de la Commission électorale indépendante (CEI), de même que l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI) d'Albert Mabri Toikeusse (2,57%).

Les quatre dirigeants du RHDP - MM. Bédié, Ouattara, Toikeusse et Innocent Anaky (0,23%) - s'étaient retrouvés samedi, pour la deuxième fois en deux jours, au domicile de l'ex-président à Abidjan.

La déclaration ne fait aucune référence à une consigne de vote en vue du second tour. Créé en 2005 par les deux anciens ennemis Bédié et Ouattara pour chasser Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, le RHDP prévoit pourtant dans ses statuts de soutenir le candidat issu de ses rangs qualifié pour la finale.

La coalition a «commis des experts aux fins de rendre un rapport consignant tous les dysfonctionnements et manquements relevés», a précisé M. Mady.

«Ce rapport devra permettre la manifestation de la vérité et la prise de mesures idoines pour éviter que les suffrages de ces électeurs soient à nouveau volés par le FPI (Front populaire ivoirien)» de M. Gbagbo, a-t-il dit.

Ni M. Bédié ni M. Ouattara ne se sont exprimés publiquement depuis l'annonce des résultats, tandis que le camp Gbagbo a lancé ses premières attaques contre l'ex-Premier ministre, accusé d'être «le parrain de la rébellion».

Six fois repoussée depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, l'élection est destinée à refermer la crise ouverte par le coup d'État de 1999 contre M. Bédié et aggravée par le putsch manqué de 2002, qui a coupé le pays en un sud loyaliste et un nord tenu par la rébellion rebaptisée Forces nouvelles (FN).

Le Conseil de sécurité de l'ONU, comme de nombreux observateurs internationaux, a noté des «irrégularités mineures» dans cette présidentielle historique, jugeant qu'elles n'avaient pas entaché sérieusement le vote.