Le président sortant Jakaya Kikwete est le grand favori des élections générales convoquées dimanche en Tanzanie, un des pays les plus stables d'Afrique, pauvre mais au fort potentiel agricole.

Quelque 19 millions de Tanzaniens sur une population totale de 43,7 millions d'habitants sont attendus pour le quatrième scrutin depuis le retour au multipartisme en 1992, afin de désigner le chef de l'État, les députés et les conseillers municipaux de ce pays grand comme près de deux fois la France.

M. Kikwete, 60 ans, brigue un second mandat de cinq ans au nom de la formation au pouvoir depuis 1977 (Chama cha mapinduzi, CCM, Parti révolutionnaire).

Il fait face à six opposants dont les principaux sont le prêtre catholique défroqué Wilbrod Peter Slaa du CHADEMA (Parti pour la démocratie et le développement), donné deuxième par les sondages avec 10% des voix, suivi de l'économiste Ibrahim Lipumba (Front civique uni, CUF).

S'il apparaît assuré d'une large réélection, Kikwete ne réitèrera sans doute pas son score de 80% obtenu en 2005, une partie de la population lui reprochant de ne pas avoir tenu sa promesse de relever le niveau de vie.

Selon l'UE, plus de 30% des Tanzaniens vivent sous le seuil de pauvreté, en dépit d'une croissance de 5 à 7% depuis 2000, d'énormes potentiels agricoles et touristiques et de richesses minérales. L'agriculture emploie 80% de la main-d'oeuvre.

Si la campagne s'est déroulée pacifiquement, le président Kikwete a toutefois mis en garde contre toute tentative d'alimenter rivalités religieuses ou ethniques, alors que le pays est resté un des plus stables et calmes d'Afrique depuis son indépendance en 1961.

«La police et l'armée ne viendront jamais vous embêter si vous continuez à parler de construction de ponts, d'abduction d'eau ou d'installations électriques. Mais si vous commencez à parler d'effusion de sang, ils viendront vous chercher», a-t-il averti.

Le chef d'état-major avait également prévenu que son armée était «tout à fait prête à s'occuper de quiconque violerait la loi et briserait la paix» dans le pays. Il faisait référence à des propos du chef du CHADEMA, Freeman Mbowe, qui venait de dire que «du sang serait versé» en cas de fraude électorale.

Les élections se déroulent généralement dans le calme sur la partie continentale de la Tanzanie (ex-Tanganyika). En revanche, elles ont donné lieu régulièrement à des violences sur l'archipel semi-autonome de Zanzibar qui, en plus du président de l'union, doit élire le même jour son propre président et ses députés.