Si les enquêteurs ougandais ne se trompent pas, les ramifications du complot ayant mené aux deux explosions dans la capitale pendant la finale de la Coupe du monde de soccer en juillet ne pourraient être plus complexes.

Les policiers ougandais, avec la collaboration du FBI et des policiers du Kenya voisin, ont arrêté 36 personnes issues de sept pays différents relativement aux attentats qui ont fait 76 victimes dans la capitale du pays, Kampala.

Les suspects proviennent d'au moins trois pays dont les liens avec des réseaux terroristes ne sont plus un secret: la Somalie, le Yémen et le Pakistan.

Au moins un suspect a pour sa part affirmé avoir été recruté et entraîné par Al-Qaïda, sans compter que le groupe somalien al-Shabab -qui a revendiqué les attaques- entretient des liens étroits avec l'organisation terroriste.

Bref, selon le directeur des services de renseignement militaire de l'Ouganda, James Mugira, Al-Qaïda est au moins partiellement responsable de ce qui s'est produit et ce, même si les autorités croient que le plan aurait été orchestré en Somalie.

Une journée après les détonations, al-Shabab, le groupe armé le plus puissant de la Somalie, avait déclaré que ces attaques constituaient une réplique à l'implication des troupes ougandaises qui, sous l'égide de l'Union africaine (UA), occupent la capitale Mogadiscio dans le cadre d'une opération de maintien de la paix (AMISOM)  lancée en 2007.

Et le groupe avait promis de perpétrer d'autres attentats, une menace que les autorités de l'Ouganda ne prennent pas à la légère.

«L'Ouganda ne peut affirmer que ce qui est arrivé le 11 juillet 2010 ne se produira plus jamais», a affirmé Felix Kulayigye, un porte-parole de l'armée.

«C'est arrivé à des pays dotés d'une technologie supérieure à la nôtre et de forces de sécurité mieux organisées que les nôtres. Nous pouvons seulement réduire la fréquence (des attaques), pas l'éliminer complètement.»

Hommes d'affaires, universitaires et imams de petites mosquées. Kenyans, Rwandais, Tanzaniens, Ougandais. Les suspects, qui sont toujours détenus, ont sans contredit des parcours fort variés.

«Ce complot est extrêmement vaste. De nombreuses personnes, la plupart bien nanties, en font partie», a affirmé à l'Associated Press un enquêteur en chef de la police, James Okello.

En procédant à toutes ces arrestations, l'Ouganda a démontré qu'elle pouvait facilement traquer les terroristes sur son territoire, selon Edward Ochom, le chef du département des enquêtes criminelles du pays.

«Nous n'avons pas arrêté toutes ces personnes par erreur. Les policiers possèdent des preuves suffisantes qui prouveront au tribunal qu'elles ont été impliquées d'une manière quelconque dans les attentats à la bombe.»

Certains défenseurs des droits de l'homme prétendent cependant que certains suspects ont été arrêtés puisqu'ils constituaient des personnes d'intérêt pour le FBI ou pour les autorités kenyanes.

L'avocat Ladislaus Rwakafuuzi, qui défend huit Kenyans accusés d'avoir participé aux attentats, affirme que les autorités n'ont aucune preuve contre la plupart de ses clients.

Les autorités ougandaises, dit-il, «sont seulement intéressées à interroger ceux qui ont fabriqué et posé les bombes» tandis que «les autres sont interrogés par le FBI et les Kenyans».

Au moins 10 organisations de défense des droits de l'homme se sont élevées contre l'arrestation d'Al-Amin Kimathi, un militant du forum musulman des droits humains de Nairobi, la capitale du Kenya.

Un porte-parole de l'ambassade des États-Unis au Kenya a cependant affirmé que les agences américaines n'étaient pas impliquées dans l'arrestation, la détention ou l'interrogatoire d'Al-Amin Kimathi.