L'ONU a fait état vendredi d'au moins 303 viols commis en quatre jours, fin juillet et début août, dans 13 villages du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), s'alarmant d'une série d'actes «effrayants» qui «dépassent l'entendement».

Le rapport préliminaire publié vendredi rédigé par le Bureau Conjoint des Nations unies aux Droits de l'homme (BCNUDH) dénombre «235 femmes, 13 hommes et 52 filles et trois garçons», soit au total 303 civils, victimes de viols commis entre le 30 juillet et le 2 août.

Le sous-secrétaire général de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Atul Khare, avait jusqu'à présent recensé au moins 242 femmes violées dans ces 13 villages du Nord-Kivu, sur le territoire de Walikale, riche en sites miniers exploités par les groupes armés.

Il avait également indiqué que quelque 260 viols supplémentaires de femmes et d'enfants parfois âgés de sept ans avaient aussi été perpétrés en août dans d'autres villages du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, portant à plus de 550 le nombre des viols commis en RDC fin juillet et en août.

L'ONU a attribué ces violences à un groupe de 200 hommes, des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), des membres des milices des Maï-Maï et des partisans du Colonel Emmanuel Nsengiyumva (un colonel congolais qui a rejoint la rébellion début 2010).

«L'échelle et la cruauté de ces viols massifs dépassent l'entendement», s'est indignée vendredi Mme Navi Pillay, le Haut commissaire aux droits de l'homme, citée dans un communiqué.

Le rapport préliminaire de l'ONU qualifie ces «viols en série» d'«effrayants», relevant qu'ils n'ont pas pu être empêchés par l'armée congolaise ou la mission de l'ONU en RDC, la Monusco, toutes deux mal préparées selon lui.

«Si les troupes des FARC (forces armées de la RDC) avaient été en place, leur présence aurait dissuadé les éléments de la coalition de lancer des attaques sur les 13 villages», note le rapport.

L'incapacité à «empêcher ou mettre un terme aux attaques a été aggravée par des manquements importants de la part de la Monusco qui n'aurait pas reçu d'entraînement spécifique à la protection des civils», souligne également le communiqué présentant les grandes lignes du rapport.

Le document rapporte que pendant plusieurs nuits, les habitants de ces 13 villages ont vécu un véritable calvaire, sous les assauts d'hommes «armés d'AK47 (Kalachnikov), de grenades et de machettes» qui ont verrouillé les «moyens de communication».

Selon l'ONU, ces hommes «se sont scindés en groupe de deux, trois et six personnes», certains passant «par la forêt pour rejoindre les villages».

Ils ont ultérieurement érigé des barricades sur les routes jusqu'au 1er août «pour empêcher la circulation des personnes et piller les marchandises des commerçants».

«Ensuite, ils ont pris le contrôle de la colline de Bunangiri, le seul endroit à partir duquel il est possible d'émettre ou de recevoir une communication téléphonique dans la zone», raconte le document, qui explique encore que les violences sur les civils ont surtout eu lieu pendant la nuit et sous la pluie.

L'«insécurité règne» toujours, avertit l'ONU, relevant que «la moitié de la population vit encore dans la forêt», dans la crainte d'une nouvelle attaque.

Alarmé, le Conseil de sécurité de l'ONU a enjoint le 17 septembre la RDC de «veiller à ce que les auteurs de ces crimes terribles» soient jugés, provoquant la colère de Kinshasa qui a assuré ne pas avoir attendu ces «admonestations» pour «faire son devoir».

L'ONU s'apprête à publier le 1er octobre un autre rapport sujet à polémique qui accuse le Rwanda de crimes en République démocratique du Congo entre 1996 et 1998.