La très probable séparation du Soudan en deux États, en janvier 2011, et les risques qu'elle génère pour la paix en Afrique, devrait être vendredi l'objet d'un sommet de toutes les inquiétudes en présence de Barack Obama.

Le président américain a déjà fait savoir qu'il allait délivrer un message «vigoureux» sur la nécessité d'organiser en temps et heure le référendum crucial de janvier 2011 au Soudan.

Le sujet nécessite «une vraie gestion de la communauté internationale et des pays voisins», notamment dans les trois mois qui restent, a averti une source diplomatique occidentale.

Les Sud-Soudanais devront choisir le 9 janvier par référendum entre leur indépendance et le maintien dans le Soudan actuel. Selon tous les observateurs, l'indépendance l'emportera dans cette région chrétienne et animiste durement éprouvée par une guerre de 20 ans contre le pouvoir central de Khartoum.

Deux millions de personnes avaient péri au cours du conflit, alimenté par des dissensions ethniques, idéologiques, religieuses et liées aux ressources énergétiques, notamment le pétrole.

Jonas Gahr Stoere, ministre des Affaires étrangères de la Norvège qui avait parrainé avec les États-Unis et le Royaume-Uni l'accord de paix global (CPA) de 2005 entre Khartoum et l'ex-rébellion du Sud, a prévenu que «si les choses tournent mal, les conséquences déborderont largement du Soudan».

Les préparatifs du vote ont pris beaucoup de retard, et les États-Unis --qui se sont particulièrement investis au Soudan pour la résolution des crises--, menacent de sanctions supplémentaires à celles prises à cause du Darfour si Khartoum ne prend pas les mesures nécessaires pour un bon déroulement du référendum. Ils font miroiter des investissements si Khartoum obtempère.

L'indépendance imminente du Sud-Soudan inquiète les voisins à l'unité fragile comme le Tchad. Le Sud-Soudan serait le premier État africain à naître de l'éclatement d'un pays (si l'on excepte l'Erythrée qui s'était séparée de l'Ethiopie en 1993 mais avait existé par le passé).

Tout retour en arrière est exclu, un report par Khartoum du référendum «enverrait un très mauvais signal», a estimé M. Stoere.

Si le référendum n'avait pas lieu, «l'indépendance serait atteinte par d'autres voies (référendum unilatéral, déclaration unilatérale d'indépendance) et s'accompagnerait probablement d'une reprise des hostilités», juge un diplomate occidental.

«Le Sud peut donner l'exemple de la séparation à d'autres régions et peuples du Soudan», observe encore cette source diplomatique qui cite les régions de l'Est, le Kordofan (région à la lisière du sud), voire les populations nubiennes.

Les conditions de la naissance du nouvel État du Sud-Soudan apparaissent tout sauf favorables.

«Le Sud-Soudan est encore moins démocratique, encore moins formé à devenir un État» que le reste du pays, selon un autre diplomate.

Les visiteurs qui se rendent à Juba, la future capitale, parlent souvent d'une ville et d'une administration très peu équipées pour prendre les rênes d'un État.

La question de la répartition future de la manne pétrolière fait craindre un retour de la guerre.

La délimitation incertaine des 2 100 km de frontière entre nord et sud, la répartition des infrastructures et des dettes, la question de la nationalité pour les Sudistes restés au nord, la crainte d'afflux de réfugiés en cas de reprise des troubles sont autant de sujets brûlants.

«Si la tenue du référendum est acceptée par une grande partie de la population soudanaise, les risques d'un conflit sont d'autant plus forts que d'importants contentieux n'ont pas été abordés pendant la transition qui s'achève, et ils devront être résolus dans l'urgence», note l'Institut français des relations internationales (IFRI) dans son rapport annuel 2011.