L'Érythrée est un pays «sous grave tension» qui s'affaiblit progressivement, son principal pilier, l'armée, étant gangrenée par la corruption, observe l'institut de recherche International Crisis Group (ICG) qui préconise un engagement plus fort de la communauté internationale.

«Il y a juste dix ans, l'Érythrée pouvait être raisonnablement qualifié de pays sous pression mais stable. Aujourd'hui, c'est un pays sous grave tension même s'il n'est pas encore en crise ouverte. Bien qu'il soit improbable qu'il connaisse un soulèvement dramatique dans le futur proche, il s'affaiblit de manière constante», estime ICG, dans une analyse publiée mardi sur l'évolution du pays depuis la guerre contre l'Ethiopie en 1998-2000.

L'armée, longtemps la principale force d'équilibre du pays, «devient moins stable, gangrenée par la corruption et de plus en plus faible», souligne le rapport.

Aussi, poursuit l'institut de recherche installé à Bruxelles, la communauté internationale doit s'engager davantage dans ce pays de la Corne de l'Afrique pour éviter qu'il ne devienne un nouvel État en perdition dans la région.

«Bien qu'il n'y ait pas de contestation ouverte pour le moment, le gouvernement ne peut considérer que cela va durer dans le long terme. Le changement n'est vraiment qu'une question de temps», affirme Andrew Stroehlein, directeur des publications d'ICG.

«La communauté internationale devrait s'engager en Erythrée en prenant mieux en compte les difficultés passées et actuelles du pays», affirme le groupe de recherche.

Selon lui, le militarisme et l'autoritarisme qui marquent le régime politique du président Issaias Afeworki trouvent leurs racines dans l'histoire du pays marquée par la violence et les trente années de la guerre d'indépendance, finalement obtenue en 1991.

«Les conséquences de cet héritage sont apparues clairement au cours de la décennie qui s'est écoulée, avec le renforcement du pouvoir du président érythréen et d'une petite cohorte d'ex-combattants et la suppression des libertés au profit d'un programme axé sur l'unité nationale et l'idée que l'Erythrée est entourée d'ennemis», commente ICG.

Les tensions avec l'Ethiopie voisine demeurent élevées, après le long conflit frontalier.