Paul Kagame a dénoncé lundi à Kigali «les mensonges» de l'Occident contre le Rwanda dans son discours d'investiture pour un second mandat à la tête du pays, devant des dizaines de milliers de Rwandais et quatorze chefs d'État et de gouvernement africains.

M. Kagame, qui préside aux destinées du Rwanda depuis qu'il a arrêté, à la tête de la rebellion du Front patriotique rwandais (FPR), le génocide des Tutsi en 1994, a été réélu le 9 août avec 93 % des voix.

À son arrivée en milieu de matinée au stade national à Kigali où s'est déroulée la cérémonie, M. Kagame a été longuement applaudi par la foule qui scandait «Ni wowe dushaka» (c'est toi que nous voulons), un slogan de sa campagne.

«Moi, Paul Kagame, au nom du Dieu tout-puissant, je jure solennellement à la Nation de remplir loyalement mes fonctions, de garder fidélité à la République...», a ensuite déclaré le chef de l'État, devant les juges de la Cour suprême présidée par Aloysie Cyanzayire.

Cette dernière lui a alors remis la constitution du Rwanda, le drapeau et l'emblème nationaux.

Dans son discours d'investiture, le président réélu pour sept ans est revenu sur l'un de ses sujets de prédilection - les rapports entre d'une part, le Rwanda et d'autre part, l'Occident et les organisations internationales.

«Il y a beaucoup de gens qui se sont arrogé le droit de contrôler et critiquer ce que font les autres, qui critiquent nos bonnes réalisations et rejettent sur nous leurs mauvaises actions», a déclaré M. Kagame, 52 ans.

Des organisations non gouvernementales et des gouvernements en Occident ont critiqué les conditions de sa réélection, l'accusant d'avoir tout fait pour exclure l'opposition de la course.

«Personne ne peut nous donner de leçon d'inclusion ou de tolérance, personne ne nous donnera une vision et cela ne nous empêchera pas d'atteindre nos objectifs. Nous dénonçons avec la dernière énergie tous les mensonges dont ils nous accusent», a-t-il poursuivi sans préciser qui étaient ses cibles.

Kigali a violemment rejeté le mois dernier un projet de rapport de l'ONU accusant l'armée rwandaise d'avoir perpetré de graves crimes contre des civils rwandais hutus réfugiés en RD Congo, lors de la guerre dans ce pays (1996-1998). M. Kagame n'a fait aucune référence directe à cette polémique lors de son discours lundi.

Parmi les chefs d'État présents, le plus remarqué a été Joseph Kabila, président de la RDC, théâtre de ces crimes imputés à l'armée rwandaise.

Ce tout premier déplacement de M. Kabila à Kigali scelle la réconciliation entre les deux pays dont les relations ont été longtemps entâchées par la présence en RDC des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Certains éléments des FDLR sont impliqués dans le génocide des Tutsi de 1994.

Etaient également présents le Burundais Pierre Nkurunziza et le Kényan Mwai Kibaki. La plupart des autres chefs d'État présents viennent d'Afrique occidentale.

La cérémonie était retransmise en direct à la radio publique Radio Rwanda avec, en accompagnement, des chansons louant les réalisations de Kagame durant le premier septennat entamé en 2003, à l'issue des premières élections générales post-génocide.

Le gouvernement rwandais a accordé l'équivalent de 100 dollars à chaque village, la plus petite entité administrative, pour une cérémonie de «convivialité» dans l'après-midi.