Le fils de l'ancien chef en exil de la junte guinéenne, retrouvé mort à Longueuil la semaine dernière, a été inhumé sur le terrain de la villa de son père à Conakry, jeudi, lors d'une cérémonie marquée par l'absence de représentants du gouvernement actuel.

Moriba «Junior» Dadis Camara, âgée de 25 ans, fils du capitaine Moussa Dadis Camara, a été trouvé mort dans une piscine de Longueuil le 16 août. Sa dépouille a d'abord fait escale au Burkina Faso pour permettre à son père de se recueillir sur le cercueil, avant d'être rapatriée en Guinée.

La famille Camara a affirmé qu'elle attendait les résultats de l'autopsie pour connaître les causes du décès. La famille n'a pas voulu dire si elle croyait que la mort pourrait être de nature suspecte.

Moriba «Junior» Dadis Camara a été inhumé dans la cour de la somptueuse villa que son père a fait construire durant son règne d'un an marqué par le massacre, le 28 septembre 2009, de centaines de manifestants qui s'étaient réunis pour demander la fin du régime militaire.

Moins de deux mois plus tard, Camara a été emmené au Maroc pour une chirurgie d'urgence après avoir été la cible d'une tentative d'assassinat. Son numéro deux a alors pris le pouvoir et a refusé de permettre à Camara de revenir en Guinée.

Lors de l'hommage rendu au défunt, un membre de la famille, Ferdinand Kolie, a affirmé que le capitaine Camara n'était pas présent parce qu'il avait été trahi par ses plus proches alliés.

Même si des membres du gouvernement actuel étaient présents à l'aéroport mercredi pour l'arrivée du cercueil, aucun d'entre eux ne s'est présenté à la cérémonie funèbre. Le premier ministre Jean-Marie Doré, un ancien chef de l'opposition, faisait partie des dizaines de milliers de manifestants qui s'étaient réunis dans le stade national le 28 septembre 2009.

M. Doré, comme des centaines d'autres, a été grièvement blessé quand la garde présidentielle de Camara a bloqué les issues du stade et a ouvert le feu à bout portant sur la foule. Plus de 100 femmes ont aussi été violées dans le stade.

Dans les quartiers de Bambeto, Cosa et Enco 5, où vivent les familles de plusieurs personnes massacrées ce jour-là, peu de gens avaient des condoléances à offrir à l'ancien chef de la junte.

«Ceux qui sont morts le 28 septembre dans le stade avaient une mère et un père. Ces parents ont souffert d'une façon inimaginable», a dit Mounjir Sow, résidant de Bambeto. «Plusieurs d'entre eux n'ont jamais trouvé le corps de leur enfant et n'ont jamais pu le mettre en terre. Dadis peut se considérer chanceux d'avoir au moins pu voir le corps de son fils.»