Les Rwandais ont commencé à voter lundi pour une élection présidentielle sans surprise que le chef de l'État sortant Paul Kagame, au pouvoir depuis le génocide de 1994 et sans véritable opposition, est assuré de remporter.

«Tout semble avoir commencé à l'heure et se déroule de façon satisfaisante partout dans le pays», a déclaré à l'AFP le secrétaire général de la Commission électorale nationale (NEC), Charles Munyaneza.

«Nous ouvrons le bureau de vote à 6H00 précises» (minuit, HNE), a témoigné un agent électoral dans une école primaire du district de Kacyiru, à Kigali. À l'heure exacte, son collègue a apporté les urnes et les bulletins de vote, et les électeurs alignés devant le bureau ont commencé à voter.

Dans une école du district voisin de Kimihurura, les électeurs sont arrivés dès 05H00 du matin. «C'est important de venir et de choisir notre président», a expliqué Emmanuel Ndagijimana, jeune employé de maison.

En province également, le vote semble avoir débuté à l'heure prévue et sans difficulté notoire. Dans certains bureaux de la province de l'ouest, le vote était même achevé dès 7H00, tous les électeurs inscrits s'étant déjà exprimés.

Aucun incident n'a été signalé dans la nuit et à l'ouverture des bureaux, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police, Eric Kayiranga.

Quelque 5,2 millions d'électeurs ont jusqu'à 15H00 (9h00 HNE) pour venir se prononcer dans les 15 507 bureaux de vote du pays. Les Rwandais de l'étranger ont voté dimanche dans leurs ambassades, selon la NEC, et lundi a été déclaré jour férié.

Environ 1 400 observateurs assistent au scrutin, dont 214 internationaux pour le compte notamment de l'Union africaine (UA) ou du Commonwealth. L'Union européenne (UE), arguant de raisons budgétaires, n'a pas envoyé d'observateurs.

Sans rival ni opposition, le président Kagame, 52 ans, est donné grandissime favori.

Il préside aux destinées de ce petit pays d'Afrique centrale depuis qu'il a mis un terme au génocide des Tutsis en juillet 1994, et sollicite un nouveau mandat de sept ans après son élection triomphale en 2003 avec 95% des voix.

Pour cette deuxième présidentielle depuis les massacres, le président du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsi qui contrôle tous les échelons de la vie politique, affronte trois candidats qui l'avaient soutenu en 2003.

Trois partis récemment apparus, dont deux non reconnus par les autorités, sont de facto exclus du vote. Ils ont dénoncé une «farce électorale» et qualifié en substance les trois rivaux de M. Kagame de candidats fantoches.

Ces derniers ont à tour de rôle clamé leur indépendance et justifié la similitude de leurs programmes avec ceux du FPR au nom d'une démocratie apaisée.

La campagne électorale, qui a duré du 20 juillet au 7 août, s'est déroulée «sans incident», selon la commission électorale.

Au cours de nombreux meetings organisés dans toutes les provinces, le candidat Kagame, sous les couleurs rouge-blanc-bleu du FPR, a mobilisé des centaines de milliers de partisans, mettant en avant les incontestables progrès du Rwanda depuis 16 ans, et promettant de «poursuivre la bataille pour le développement, la paix et l'unité» du pays.

Fidèle à son habitude, l'ex-chef de guerre a balayé avec mépris les critiques des «étrangers» sur son bilan en matière de liberté d'expression et d'opinion.

De nets signes de tension sont cependant apparus dans les mois précédent le scrutin, avec une vague d'attaques à la grenade en février-mai à Kigali, des fractures au sein de l'élite tutsi anglophone du FPR, ainsi qu'«une répression politique croissante (de l'opposition) et un étranglement de la liberté d'expression», selon l'organisation Human Rights Watch (HRW).