Les Kényans ont commencé à voter mercredi par référendum pour adopter une nouvelle Constitution censée rendre leurs institutions plus démocratique et tourner la page des violences postélectorales meurtrières de début 2008.

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes mercredi à 6H00 (23h00 HNE), ont rapporté des journalistes de l'AFP à Nairobi et en province.

Photo: AFP

De longues files d'électeurs s'étiraient, mercredi matin, devant plusieurs des bureaux de vote du pays.

À l'intérieur, les opérations se déroulaient sans problème apparent: admis un par un dans les salles de votes, les électeurs en repartaient avec une marque indélébile sur l'auriculaire et leur carte d'électeur poinçonnée.

Les quelque 12,4 millions d'électeurs enregistrés ont jusqu'à 17H00 (14H00 GMT) pour se prononcer sur ce texte destiné à remplacer la Constitution du pays qui remonte à son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963.

La réforme constitutionnelle était l'un des points-clés de l'accord de partage du pouvoir signé en février 2008 entre le président réélu Mwai Kibaki et son rival Raila Odinga pour mettre fin aux pires violences (1 500 morts) enregistrées dans la première économie d'Afrique de l'Est depuis son indépendance de la Grande-Bretagne.

Le texte conserve un régime présidentiel mais le tempère d'importants garde-fous. Il inclut la possibilité de destituer le président. Le projet instaure également une forme de décentralisation, une partie du budget national étant dévolue à un nouvel échelon administratif, le comté.

Une réforme foncière cruciale destinée à rectifier les «injustices historiques» en matière de répartition des terres dans ce pays essentiellement agricole y figure également.

Le camp du «Non», emmené notamment par les Églises, a dénoncé l'introduction dans le nouveau texte de l'avortement thérapeutique et le maintien de tribunaux islamiques familiaux.

«Nous avons besoin de changement. Nous avons souffert ces 40 dernières années. Je pense que la nouvelle Constitution va améliorer nos vies et celles de nos enfants», a déclaré à l'AFP William Owuoth Nzaya, employé de commerce et «pasteur à temps partiel».

Interrogé sur la campagne des Églises traditionnelles et évangéliques contre le projet, ce dernier a ajouté: «Je pense qu'ils trompent les gens».

Quelque 70 000 membres des forces de sécurité ont été déployés dans le pays, notamment dans la très sensible vallée du Rift (ouest), épicentre des violences politico-ethniques qui avaient accompagné la réélection du président Kibaki, le 27 décembre 2007.

Mais Ken Wafula, directeur du Centre pour les droits de l'homme et la démocratie, installé à Eldoret, dans la vallée du Rift, se voulait rassurant: «Nous ne devrions pas assister à des violences. Les indicateurs sont très clairs. Il n'y a pas de menaces à grande échelle».