Quatre militants des droits de l'Homme de la province angolaise du Cabinda ont été condamnés mardi à des peines allant de trois à six ans de prison pour des liens supposés avec les auteurs de l'attaque meurtrière contre l'équipe de foot du Togo en janvier.

L'universitaire Belchior Lanso a écopé de six ans de prison, l'avocat Francisco Luemba et l'ancien vicaire Raul Tati de cinq ans, tandis que l'ex-policier José Benjamin Fuca a été condamné à trois ans pour «atteinte à la sûreté de l'État», a rapporté la radio catholique Ecclesia.

Les quatre hommes ont été interpellés à la suite de la fusillade contre le bus de l'équipe nationale du Togo, alors qu'elle arrivait au Cabinda pour participer à la Coupe d'Afrique des nations (CAN-2010).

Il leur était reproché de posséder des documents du Flec, un mouvement séparatiste très divisé dont deux branches concurrentes ont revendiqué l'attentat.

Les quatre hommes «ont été arrêtés, inculpés et condamnés pour des raisons politiques», a estimé Lisa Rimli de l'organisation Human Rights Watch (HRW), jointe par téléphone par l'AFP.

Le gouvernement du président José Eduardo dos Santos a, selon elle, utilisé l'attaque contre le Togo «pour réprimer toutes les critiques pacifiques» dans l'enclave pétrolière de Cabinda, secouée depuis des années par des troubles séparatistes.

«Leur lien supposé à l'attaque a été sous-entendu mais n'a pas été prouvé», a-t-elle ajouté.

Sous forte présence policière, des manifestants s'étaient rassemblés devant le tribunal de Cabinda pour protester contre ce procès, accusant le gouvernement de prendre prétexte de cette attaque pour arrêter des militants gênants.

Le 8 janvier, deux jours avant l'ouverture de la CAN en Angola, l'autocar de la sélection togolaise avait été attaqué par des hommes armés au Cabinda. Deux membres de la délégation avaient été tués dans la fusillade et un gardien de but grièvement blessé.

Depuis plus de 30 ans, le Flec réclame l'indépendance de l'enclave pétrolière, coincée entre le Congo et la République démocratique du Congo (RDC), et éloignée d'une soixantaine de kilomètres du reste de l'Angola.

Cette province, où la majorité des 300 000 habitants vivent dans la pauvreté, ne faisait pas historiquement partie de l'Angola et a été annexée dès la proclamation de l'indépendance et le départ des Portugais en 1975.