L'inculpation du président soudanais Omar el-Béchir pour génocide au Darfour «porte atteinte à la paix et à la sécurité en Afrique», a affirmé dimanche à Kampala le président en exercice de l'Union Africaine, le président du Malawi Bingu wa Mutharika.

Le chef d'État du Malawi a appelé «à trouver une solution» au problème posé selon lui par les différents mandats d'arrêt lancés par la Cour pénale internationale contre le président soudanais, dans un discours devant un sommet de l'Union Africaine.

«Mettre un chef d'Etat en exercice sous le coup d'un mandat d'arrêt porte atteinte à la solidarité africaine, ainsi qu'à la paix et à la sécurité en Afrique pour lesquelles nous nous sommes battus pendant des années», a déclaré Bingu wa Mutharika.

«De façon générale, on s'inquiète en Afrique de ce que l'émission d'un mandat d'arrêt contre un président dûment élu constitue une violation des principes de souveraineté garantis par la charte des Nations unies et par celle de l'Union africaine», a poursuivi M. Mutharika.

Déjà inculpé depuis l'an dernier pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité au Darfour, le président soudanais Béchir est depuis le 12 juillet sous le coup d'un nouveau mandat d'arrêt de la CPI, cette fois pour génocide dans cette région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis sept ans.

Les pays membres de l'UA ont déjà prévenu qu'ils ne comptaient pas appliquer ces mandats d'arrêt, accusant la CPI de concentrer ses poursuites contre les seuls responsables africains.

Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo se défend de ces accusations et estime agir en premier lieu au nom des victimes africaines des différents conflits, affirmant que l'arrestation de M. Béchir n'est qu'une question de temps.

Après avoir nargué la CPI en rendant visite à son voisin le Tchad, pourtant signataire du traité de Rome fondant la juridiction internationale, le président Béchir a jugé plus prudent de ne pas faire le déplacement en Ouganda, également tenu en théorie de l'arrêter, à l'occasion du sommet de l'UA.

L'UA reproche également à la CPI de privilégier le seul aspect juridique du conflit au Soudan, et de mettre ainsi en péril le processus de paix dans ce pays, y compris le référendum par lequel le Sud-Soudan doit décider ou non de devenir indépendant en janvier prochain.

Le président en exercice de l'UA a à ce propos «espéré que le nouveau gouvernement (soudanais issu des élections d'avril) fera en sorte que le référendum prévu en janvier 2011 ait lieu comme prévu, pour faire encore avancer la paix» dans la région.