Le président rwandais Paul Kagame, grand favori de l'élection présidentielle du 9 août, s'est montré «confiant» dans le choix des électeurs et a balayé les critiques sur la détérioration du climat dans son pays, marqué par les meurtres récents d'un opposant et d'un journaliste.

«Je suis très confiant dans le fait que les Rwandais choisiront de travailler avec le FPR», le Front patriotique rwandais au pouvoir au Rwanda depuis 1994, a déclaré mardi M. Kagame, 52 ans, lors d'une conférence de presse organisée au premier jour de la campagne électorale.

«Mais je ne prends rien pour acquis. Les électeurs rwandais ont la liberté de choisir. Nous devons chercher leur soutien et expliquer pourquoi nous méritons leur confiance», a-t-il ajouté.

Paul Kagame sollicite auprès des quelque cinq millions d'électeurs un nouveau mandat de sept ans après sa première élection en 2003, même s'il est de facto à la tête du pays depuis que le FPR qu'il dirige a pris le pouvoir en chassant en juillet 1994 le régime génocidaire extrémiste hutu.

Loué pour sa vision économique et l'indéniable transformation sociale du Rwanda, critiqué pour ses penchants autoritaires, il sera opposé à trois candidats issus de partis qui l'avaient soutenu lors de la présidentielle en 2003, ce qui leur vaut d'être qualifiés de «satellites» du FPR par les formations d'opposition récemment apparues.

Ces trois partis d'opposition, les Forces démocratiques unifiées (FDU), le Parti démocratique vert et le Parti social (PS, Imberakuri), de facto exclus du scrutin présidentiel, ont demandé en vain son report.

La présidente des FDU, Victoire Ingabire, est sous contrôle judiciaire depuis le 21 avril après avoir été inculpée de négation du génocide et complicité de terrorisme. Le président du PS Bernard Ntaganda, sous le coup d'accusations similaires, est détenu depuis le 24 juin.

Mme Ingabire «s'est associée à ceux qui ont perpétré le génocide», a affirmé M. Kagame en référence aux rebelles hutu rwandais des FDLR, qui opèrent dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

La campagne s'ouvre après cinq mois marqués par une série d'attentats à la grenade à Kigali -deux morts et des dizaines de blessés- des arrestations de responsables militaires et des mises en garde de M. Kagame sur des menaces de «coup d'État» fomentés par d'anciens camarades d'armes en exil.

Le 24 juin, le journaliste Jean Léonard Rugambage était tué par balles à Kigali. Il avait mis en cause les autorités rwandaises dans la tentative d'assassinat, quelques jours plus tôt en Afrique du Sud, du général Faustin Kayumba Nyamwasa, ancien camarade de combat de Paul Kagame devenu un de ses critiques les plus virulents.

Le 14 juillet, le corps quasi-décapité de l'opposant André Kagwa Rwisereka, vice-président du Parti démocratique vert était retrouvé dans un marais du sud du Rwanda.

Interrogé sur ces deux meurtres, M. Kagame a démenti toute implication du gouvernement.

«Il n'y a rien à gagner de tout ça. Pourquoi le gouvernement serait aussi stupide? Je pense qu'il y a quelque chose de terriblement faussé: des gens tirent des conclusions hâtives sans aucune preuve», a-t-il lancé.

Le président rwandais a également réaffirmé que son pays n'avait pas de leçon à recevoir de la communauté internationale en matière de liberté d'expression et de démocratie.

«Il y a des gens qui pensent qu'ils contrôlent d'autres gens et qu'ils ont le droit de parler en leur nom», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «nous voulons raconter notre histoire, nous voulons construire notre futur».

Vendredi, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé «une enquête complète» sur les deux récents meurtres, lors d'un entretien avec M. Kagame à Madrid.