Les récents attentats de Kampala (76 morts) revendiqués par des islamistes somaliens ont sans doute été perpetrés par deux kamikazes soutenus par un réseau local, a déclaré dimanche la police ougandaise qui a dit détenir une vingtaine de suspects, dont des Pakistanais.

La police a diffusé les portraits reconstitués des deux kamikazes présumés, réalisés avec l'aide des experts, notamment américains et britanniques, qui l'assistent dans l'enquête.

«Il y a des indices solides pour dire que ces attaques ont été menées par des kamikazes», a déclaré le chef de la police ougandaise Kale Kayihura lors d'une conférence de presse organisée après sept jours d'enquête.

«Personne n'a réclamé ni identifié ces deux corps», a déclaré le responsable policier, en présentant les portraits reconstitués de deux jeunes hommes, apparemment originaires l'un d'Afrique noire et l'autre de la Corne de l'Afrique, «sans aucun doute somalien».

Les islamistes somaliens shebab, qui ont fait voeu d'allégeance à Al-Qaïda, ont revendiqué lundi dernier ces attentats, les premiers qu'ils aient perpetrés hors de leur territoire national, et censés constituer des représailles à la participation de l'Ouganda à la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom).

Kampala accueille à partir de lundi des experts de l'Union africaine, puis à partir de dimanche 25 juillet les chefs d'État de cette organisation, pour un sommet prévu de longue date mais qui devrait être dominé par la Somalie.

Le bilan des attentats de dimanche dernier, les plus meurtriers commis en Afrique de l'Est depuis les attaques contre les ambassades des États-Unis d'août 1998, ont fait 76 morts, selon un nouveau bilan communiqué par la police et incluant trois nouveaux décès.

Les victimes s'étaient réunies dans deux restaurants bondés de Kampala pour assister à la finale du Mondial.

La police n'avait établi jusqu'à présent la participation que d'un seul kamikaze, alors que trois explosions au total ont retenti dans ces deux lieux publics. Elle a également retrouvé une ceinture d'explosifs, qui n'a pas été déclenchée pour une raison inconnue, dans un troisième lieu, une discothèque.

Outre le fait que personne n'ait réclamé leurs corps, des éléments d'autopsie paraissent accuser les deux jeunes hommes dont la police ougandaise, puis Interpol, ont diffusé les portraits reconstitués, y compris le fait que l'un d'eux ait été décapité dans l'explosion, a précisé la police.

Pour ce premier attentat commis à des centaines de kilomètres du territoire somalien, les shebab ont bénéficié d'un soutien à Kampala, a relevé le chef de la police.

«Il devait y avoir un réseau local», a déclaré M. Kayihura, «de toute évidence il y a eu collaboration entre les shebab et quelques fous ici».

Plus de vingt suspects sont détenus et interrogés, selon le responsable policier qui n'a pas précisé leur degré d'implication présumée.

Parmi eux figurent plusieurs Pakistanais installés dans la banlieue de Kampala, dont l'un aurait été cité, dans un courriel envoyé par un porte-parole présumé des shebab, comme ayant des liens avec cette organisation.

Ces Pakistanais et plusieurs Ougandais formaient un groupe de huit personnes qui tenaient une petite entreprise et étaient sous surveillance policière dès avant l'attentat, selon M. Kayihura.

Le chef de la police a enfin à nouveau estimé «qu'il y avait un lien entre les shebab et les Forces démocratiques alliées (ADF)», un groupe rebelle ougandais musulman, car les deux organisations «partagent des liens avec Al-Qaïda».