Le gouvernement tunisien a rejeté les critiques des Etats-Unis concernant un recul des libertés en Tunisie affirmant qu'elles étaient «dénuées de tout fondement», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Le ministère a aussi dénié la qualité de journaliste à Fahem Boukadous, dont la condamnation à quatre ans de prison avait suscité une réaction à Washington.

«Les affirmations formulées par le porte-parole du département d'Etat américain relatives à la situation des libertés en Tunisie (...) sont dénuées de tout fondement», a affirmé le ministère tunisien des Affaires étrangères.

«Au lieu de déplorer un recul des libertés politiques en Tunisie, le porte-parole du département d'Etat américain aurait du parler du renforcement croissant de ces libertés dans le texte comme dans le pratique», a-t-il dit dans un communiqué publié samedi soir par l'agence gouvernementale TAP.

Vendredi, un porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, a déclaré que «les Etats-Unis (étaient) profondément inquiets d'un déclin des libertés politiques, notamment les sévères restrictions de la liberté d'expression en Tunisie».

Il avait ajouté que les Etats-Unis étaient particulièrement «inquiets» après la condamnation mardi d'un journaliste de télévision, Fahem Boukadous.

Le ministère tunisien s'est dit «étonné» de ces propos, «qui dénotent un manque de discernement» et «une précipitation injustifiée dans la formulation des jugements concernant les pays tiers».

Evoquant des «informations erronées» sur Fahem Boukadous, le ministère affirme que celui-ci «n'a jamais fait partie du corps journalistique et n'a jamais détenu une carte de presse».

«Toutes les parties qui tentent de conférer à cette personne la qualité de journaliste ne font que pratiquer la désinformation», dit-il encore.

Fahem Boukadous a notamment couvert en 2008 des manifestations sociales ayant secoué la région minière de Gafsa (sud-ouest) pour le compte de la chaîne satellitaire Al-Hiwar Ettounsi (Le Dialogue Tunisien).

Ses défenseurs affirment qu'il a été puni pour avoir pu réalisé ce travail.

Le ministère a assuré en revanche que le jugement prononcé contre M. Boukadous concernait «son implication dans une entente criminelle visant à préparer et à commettre des agressions contre les personnes et les biens» et n'avait «aucun rapport avec toute activité journalistique».