Un pasteur rwandais, Jean-Bosco Uwinkindi, accusé de génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, a été arrêté en Ouganda, une fin de cavale pour cet homme d'église présenté par l'accusation comme une cheville ouvrière du génocide de 1994.

La police ougandaise a annoncé que le pasteur, né en 1951 et recherché par le TPIR pour génocide, extermination et crimes contre l'humanité, avait été arrêté mercredi dans l'ouest de l'Ouganda.

Le chef de la Direction ougandaise des recherches criminelles, Edward Ochom, a indiqué à l'AFP que le suspect avait été localisé en République démocratique du Congo, et que les services du TPIR, basé à Arusha -ville du nord de la Tanzanie-, le traquaient.

«Dès qu'il a traversé la frontière pour entrer en Ouganda, le 26 ou le 27 juin, nous en avons été informés. Nous l'avons arrêté mercredi dans la localité de Mbarara», dans le sud-ouest de l'Ouganda, a ajouté Edward Ochom.

«Nous espérons qu'il sera transféré au centre de détention des Nations unies (à Arusha) vers la fin de cette semaine», a indiqué à l'AFP le procureur en chef adjoint du tribunal Christopher Bongani Majola.

Le Département d'État américain avait offert une récompense de cinq millions de dollars pour toute information conduisant à l'arrestation de Jean-Bosco Uwinkindi.

Selon l'acte d'accusation, le pasteur officiait dans l'église pentecôtiste de Kayenzi, dans la commune de Kanzenze, proche de Kigali, au moment du génocide au Rwanda, entre avril et juillet 1994.

«Durant les faits visés par le présent acte d'accusation, le pasteur Jean-Bosco Uwinkindi a mené un groupe de tueurs pour débusquer et exterminer les Tutsi, particulièrement les civils tutsi de la commune de Kanzenze», selon le document établi en 2001.

Toujours selon l'accusation, il a également accueilli des femmes et des enfants Tutsi dans son église pour ensuite en ordonner l'exécution.

Le génocide contre les Tutsi au Rwanda a fait environ 800 000 morts selon l'ONU.

Selon un quotidien ougandais indépendant, le Daily Monitor, Jean-Bosco Uwinkindi est entré en Ouganda sous un nom d'emprunt, Jean Inshitu, et voulait acheter du terrain et s'installer dans le pays sous cette fausse identité.

L'arrestation du pasteur Uwinkindi ramène à 10 le nombre de fugitifs recherchés par le TPIR, parmi lesquels l'homme d'affaires Félicien Kabuga, l'ex-ministre de la Défense Augustin Bizimana et l'ancien commandant du bataillon para-commando, le major Protais Mpiranya.

M. Uwinkindi fait partie des accusés pour lesquels le procureur a l'intention de déposer devant les chambres du TPIR des demandes de transfert vers les juridictions nationales en raison de la proximité de la fin du mandat du tribunal (fin 2010).

L'interpellation du pasteur vient également allonger la liste des hommes d'église poursuivis ou condamnés par le tribunal international.

Le plus haut responsable ecclésiastique arrêté par le TPIR, l'évêque anglican Samuel Musabyimana, est décédé en janvier 2003, avant même l'ouverture de son procès.

Le premier homme d'église condamné par le TPIR, le pasteur adventiste Elizaphan Ntakirutimana, est quant à lui décédé début 2007, quelques semaines après avoir purgé sa peine de 10 ans de prison.

Les autres ecclésiastiques mis en accusation par le TPIR appartiennent à l'église catholique. Parmi eux figurent l'ancien vicaire de Nyange (ouest), Athanase Seromba, condamné définitivement à la prison à vie, et l'ex-aumônier militaire, Emmanuel Rukundo condamné en première instance à 25 ans de prison.

Le dernier prêtre catholique inculpé par ce tribunal, l'abbé Wenceslas Munyeshyaka, sera jugé en France.

Photo: AFP

Le Département d'État américain avait offert une récompense de cinq millions de dollars pour toute information conduisant à l'arrestation de Jean-Bosco Uwinkindi.