Une enquête judiciaire a été ouverte à Mayotte à l'encontre d'Octavien Ngenzi, ancien notable rwandais suspecté d'avoir participé au massacre de centaines de Tutsis en 1994 et d'avoir trouvé refuge sur l'île française, a-t-on appris mercredi de source judiciaire française.

Marc Brisset-Foucault, procureur auprès du tribunal supérieur d'appel de Mamoudzou, a ordonné récemment l'ouverture d'une information judiciaire le visant nommément pour «crimes contre l'humanité» dont «participation à un génocide». Le dossier a été confié au juge d'instruction Guillaume Bourin.

Selon le quotidien Le Parisien, une plainte visant cet ancien maire de la commune rwandaise de Kabarondo (Est) et responsable local de l'ancien parti unique MNRD, a été déposée au parquet de Mamoudzou au nom de plusieurs victimes tutsies et du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPRC).

Mais la plainte n'est pas encore arrivée au tribunal, indique-t-on de source judiciaire. Le procureur a décidé de lancer une enquête sur la base d'un signalement de la préfecture de Mayotte, elle-même alertée par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), auprès duquel Octavien Ngenzi avait déposé une demande d'asile, sous un faux nom.

Né en 1954, ce dernier a fait l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par Kigali en avril 2009.

La justice rwandaise le suspecte d'avoir lui-même dirigé et ordonné plusieurs massacres dans sa province de Kibungo, dont celui perpétré par les milices hutues dans l'église de Kabarondo, où près d'un millier de Tutsis ont trouvé la mort le 13 avril 2004.

«Cela fait pas mal de temps que l'on préparait une plainte contre lui, et nous avions mené notre enquête», a rapporté à l'AFP Sophie Dechaumet, l'une des avocates des victimes rwandaises, qui suspectait depuis quelques temps le fugitif de se trouver à Mayotte.

De nombreux ressortissants de pays de l'Est africain résident dans cette île française de l'archipel des Comores, qui compte notamment une communauté rwandaise relativement importante.

Un autre génocidaire présumé, Pascal Simbikangwa, avait été arrêté à Mayotte à l'occasion d'une affaire de faux papiers en octobre 2008, avant d'être formellement identifié comme étant l'ancien chef des renseignements militaires de la présidence rwandaise.

Visé par une plainte du CPCR, il est actuellement incarcéré en région parisienne, où sont centralisées la quinzaine d'affaires à l'instruction liées au génocide rwandais. Un sort que pourrait connaître le dossier d'Octavien Ngenzi, si les autorités arrivent à mettre la main sur lui.